Mon esprit égaré est saisi d’épouvante;
Mon coeur est enflammé par l’adieu qui le hante
Dès le jour où le sort, de sa sinistre voix,
Appelle le poète à rendre les abois

Un poète qui a passé sa vie sous l’ombre
D’une amitié nette de toute plage sombre.
Ses amis le considéraient comme une étoile
Qui brille au firmament, par delà tous les voiles.

Il exhale un parfum embaumant des poèmes
Où sont réunies les plus précieuses des gemmes.
Il s’extasiait toujours devant la poésie
Et vivait sous l’empire de la frénésie.

Il s’est physiqument absenté aujourd’hui,
Mais son âme plane sur les plans d’eau et luit.
Elle communique avec les coeurs qui pleurent
Et, entendant ses chants, débordent de douleur.

Ayant ainsi mené une vie exemplaire,
Il prônait l’amitié, celle des plus sincères.
Un noble sourire éclairait son visage
Tel un phare qui indique l’approche des rivages.

Il ne se prosternait devant aucun tyran,
N’ayant jamais brigué le sort d’un chenapan,
Ni baissé la tête à l’appui d’une supplique,
Ou s’est éloigné de ses cinglantes répliques.

Tels sont les idéaux qui l’ont accompagné.
Il ne les a jamais trahis ni résignés.
Il tient sa dignité de précurseurs illustres
Dont la dévotion a valorisé le lustre.

Quel type de discours puis-je rimer en vers
Pour faire l’élégie d’un homme réfractaire
Aux larmes, même dans les pénibles moments
Qui gardait le sang froid d’un combattant vaillant.

Comment exprimer la douleur que je ressens
Quand, souriant, il ouit les gazouillis naissants.
Le serment d’amitié a atteint le sublime
Dans un espace où l’appel du coeur sert de rime.

Il a été scellé par de nombreux symbôles
Chantant les qualités d’un esprit qui s’envole.
C’est donc avec fierté qu’on doit se prosterner
Quans sa voix s’élève, feutrée et ordonnée.

Rejoins l’éternité, ami de mes soucis,
Où tu jouiras de la divine merci.
Tu seras heureux dans les jardins édéniques,
Béni de Dieu le jour du verdict fatidique.

Traduit en français par Raouf Hajji.