Nul ne se prévaut de l’estime de tous bords
Qu’un peuple qui lutte contre le mauvais sort,
Se défend vaillamment par la force des armes
Et chasse de ses yeux l’amertume des larmes,

Un peuple toujours prêt quand un danger surgit
De faire preune de courage et d’énergie.
Mais s’il n’entend agir qu’en cas de précaution
Et avec prudence, il mourra d’inanition.

Fléaux et calamités s’abattront sur lui,
Famines et malheurs le rongeront à l’envi,
Il sera écrasé par le poids de la honte,
Jusqu’à sa conscience la lâcheté remonte.

On le voit dans un état de consternation
Et d’obséquiosité pleurer de dépression.
Mais à quoi bon lui serviront toutes ces larmes?
Est-ce pour se dérober à son sort infâme?

L’armée d’occupation l’a jeté en enfer,
Pieds et poings liés dans des chaînes de fer.
L’obligeant à verser, outre certains abus,
Une série d’impôts, de sang simple tribut,

Pour que les gouvernants vivent dans l’opulence,
Mènent un train de vie chargé de réjouissances,
Ne se privant d’aucun de ces fruits édéniques
Qui mûrissent à l’ombre des rameaux idylliques.

Emanent d’eux tous les ordres qui ne tolèrent
Aucune réplique, posée ou téméraire.
On les voit rarement sourire au visage
Des nationaux qu’ils couvrent du mépris d’usage.

Contre leurs voisins, ils commettent des abus,
Sauf à l’encontre de puissants chefs de tribus.
Jamais ils ne hèlent un serviteur par son nom;
Tous, tant qu’ils sont, portent “Ahmed” comme prénom.

En recevant l’ordre de marcher, nous marchons,
Entâchés de honte et couverts d’humiliation.
Nous acceptons ce qu’ils imposent comme astuces,
Laissant au gré du vent d’emporter les détritus.

Puis, nous nous sommes enfermés dans nos demeures,
En voyant l’eau tarir à l’approche de l’heure.
Nous n’avons ainsi pas étudié en détail
Les voies et moyens qui mènent hors du sérail.

Ce que nous ressentons nous a fait chanceler
En arpentant des rues entièrement comblées.
Puis, nous avons été envahis par des troubles
Qui ont guidé nos pas là où les fonds sont doubles.

Nous nous sommes illico presto soulevés
Pour chasser la honte d’où peu se sont relevés.
Notre patience a été mise à rude épreuve,
En affrontant l’assaillant sur les bords du fleuve.

Nous avons repoussé l’intrus grâce à un calme
A double tranchant: patience et recours aux armes.
Ils cherchent à combattre avec le chant guerrier.
Notre accueil est serein, spontané et douillet.

Dieu nous a dotés d’un capital de patience
Et leur a assené de forts coups de semonce.
Ils se sont montrés hotiles à notre égard
En nous tendant des pièges et des traquenards.

Tels des aigles, ils se sont infiltrés chez nous,
Par un temps pluvieux qui attire les hiboux.
Les évènements ont vu en plein désarroi
Leur cours vaciller comme une bête aux abois.