Le Protectorat est venu pour nous spolier,
Répandant son venin bavé de son gosier.
Il prétend, nous dit-il, nous gaver de bienfaits
Et omet d’avouer ce qu’on en attendait.

Puis, quittant ses chevaux, il brandit son bâton
En allant conquérir tous nos forts et donjons.
Il nous a étouffés avec des muselières,
Voilé les yeux pour nous ranger sous sa bannière.

Puis, nous a-t-il dit: “Ecoutez et obéissez”
“Sans être discourtois, à nos pieds vous chausser”.
Vous verrez mieux notre conduite et bon vouloir,
Vous serez surpris pour le bien de vos terroirs.

En étant convoqués, répondez au plus vite,
Pour vous faire apprécier selon tous vos mérites.
Evitez la hargne de toutes vos critiques;
Ce que nous proposons est emprunt de logique.

Vous êtes bien loin du cours des évènements,
Seul l’âge adulte peut en donner l’agrément,
Quand se manifestent chez vous les propensions
A prendre part à la prise des décisions.

Quand vous aurez fait preuve de votre sérieux,
Et ne serez plus taxés de larrons joyeux,
En choisissant le camp où est votre intérêt,
Vous verrez mieux le gain réel que vous ferez.

Votre champ de vision en toute oeuvre et tout art
Nantira vos profits malgré vos avatars.
Encor faut-il saisir le sens de l’entreprise
Que nous vous offrons à compte de remises.

L’ombre du Protectorat se porte garante
D’un profit débordant toute mer écumante.
Tout ceci est pour étendre leur influence
Dans un climat où le temps change en permanence,

Et pour réduire l’aspect des stratagèmes
Qui ne doivent plus surgir en tant que blasphèmes.
Nous avons dû subir des assauts répétés
Ainsi que des sièges où l’on nous maltraitait.

Nous n’y voyions pas la lumière qui éclaire,
Nous étions envahis d’un brouillard délétère.
Nous étions très longtemps privés de nos journaux,
Prenant la censure pour un nouveau fléau.

Heurs et malheurs du passé nous étaient voilés;
Nous ignorions tout, car tout était dissimulé.
Le plus chanceux de tous est celui qui jouit
Des faveurs de livrer ses secrets par écrit.

Et s’il a encor plus de chances que les autres,
Il sera aligné aux scribes qui se vautrent.,
Et grimpera en fonction de l’ancienneté
Un à un les échelons de la vétusté.

Il ne prétendra à aucune promotion
Lui permettant de soigner sa réputation.
Il restera dans le cadre des indigènes
Appelés à y demeurer en quarantaine.

Il lui suffira de se contenter de peu,
Serait-ce pour compenser son état râpeux.
Ils sont les seuls à réclamer la part du lion
En exhibant des droits exempts de concessions.

L’enfant du pays ne peut plus faire prévaloir
Son droit sur une part sordide du tiroir.
Nous sommes assujettis aux impôts et taxes,
Les amendes sont dues sans répit ni relaxe.

Ainsi prend naissance la conscience de soi
Et l’esprit de révolte mène au désarroi,
Le jour où l’intérêt du peuple est menacé,
Et ses biens saisis pour servir de panacée,

On le voit ruminer sur un ton haut et fort,
En cachant son ire qui dépasse tous bords.
Les larmes surviennent et les passions s’enflamment,
Les troubles surgissent au cri d'”A bas l’infâme”.

Lorsque la passion gagne toute une nation,
L’intrus subira une dure punition.
Les tyrans en auront juste assez pour leur compte,
Et endureront mille tourments en précompte.

Tout Gouvernement qui abuse du pouvoir,
Est appelé à reconnaître ses déboires.
Si un pouvoir tyrannique ferme les yeux
Sur un acte ennemi ou d’amis obséquieux,

Il connaîtra un revers parmi les plus durs
Quand seront sanctionnées toutes ses forfaitures.
Sa chute sera fêtée par le peuple en liesse,
Annonçant l’arrivée d’une ère vengeresse,

Une ère de résurrection et de lumière,
Ou une ère sombre drapée d’un noir suaire.
Telles sont les voies suivies par toutes les nations
Portées par une mer en pleine agitation.

Fasse Dieu que cet épais brouillard se dissipe,
Que le capitaine de sa bonne foi excipe
En jetant l’ancre au quai de la sécurité
A la grande joie des clients épouvantés.

Puis, sous l’égide du Prince de la jeunesse,
Pur d’âme s’il en est, épris de ,
La sécurité qui est le lot de chacun,
servira de glaive contre les baldaquins.

Le peuple vivra en paix et sérénité,
Dans un climat de concorde et d’egalité.
Plût à Dieu qu’aucun passager ne reste en rade,
Et que tous aient accès aux promotions de grades.