Bafoué est notre honneur où le mal sévit
Depuis que nous sommes livrés à nos envies.
Nous nous sommes blottis chez nous comme l’oiseau,
Les ailes coupées, entonne un chant aux rameaux.

Seul nous intéresse de manger et de boire,
Prenant les mirages pour reflets de miroir.
Nous avons renoncé à poursuivre les traces
Qui mènent au succès de manière efficace.

Abdelaziz, monté très jeune sur le trône,
Etait la risée de ses joueurs de trombone,
Pendant que les jeux de plaisir qu’on lui offrait
Le distrayaient de ses royales simagrées.

Ils nous ont enfermés dans un état de siège,
Comme si nous étions des acteurs de manège.
Ils voulaient nous cloîtrer par rapport à autrui,
Afin d’éviter d’être à leur soutien réduits.

Si un peuple ne trouve pas parmi les siens
La manne de secours, il ne vaudra plus rien.
Un échec cuisant sera le but de qui veut
La liberté rouge en étant sauve qui peut.

Elle a des portes que l’on percute d’une main
Tâchée de sang, preuve d’un courage surhumain.
Si un peuple n’est pas protégé par les siens,
Il s’exposera aux dangers, lui et ses biens.

Personne d’autre ne le mettra à l’abri.
Ils sont sa caution et ses garants à tout prix.
Mais si ceux sur lesquels nous fondons nos espoirs
Prennent la fuite, qui gardera le manoir?

Ila boiront de la coloquinte et du poison,
Servis par un proche, comble d’humiliation.
Ils ont été giflés par des mains arrogantes,
Mais ont gardé leur image extravagante.

Abdelhafid s’est soulevé contre son frère,
Mais les nantis ont rejeté son magistère,
Tâtant le pouls pour voir si un reste de vie
Peut renforcer les rangs des recrues en sursis.

Un feu de révolte s’est ainsi déclaré,
Mettant fin à toutes les raisons d’espérer.
Les riches aux abois font appel aux accords
Qui les aident à conjurer le mauvais sort.
Tout ceci est le fruit de l’esprit d’avarice
Qui conduit les Etats au bord du précipice.
L’armée, elle, est au comble de la misère
Quand les riches cachent leurs lauriers aux enfers

Aucune conscience de soi ne les oriente
Vers la voie du bien. Seul le mal les desoriente.
Chaque crieur public se déchaine en émoi,
Imité par la lie du peuple en désarroi.

Nous passons des moments agités dans la nuit
Quand vient le spectre noir et que rien ne reluit.
Ils n’ont qu’un seul souci: avoir les poches pleines
D’objets confisqués par un tas d’hommes de peine.

Et si vous les réprimandez, ils vous diront:
C’est une tradition de nos anciens patrons.
Il n’a trouvé personne d’un certain courage
Un homme d’esprit pour lui servir d’apanage.

Il n’a trouvé que des gens vivant de rapines,
Au vu et au su de tous, s’en léchant les babines.
Nous n’avons défendu aucune de nos frontières.
Nous étions profanés. C’était un vrai calvaire

L’occupation nous a ainsi assujettis
A des impôts et taxes bien mal répartis.
Le Protectorat a chez nous fait irruption
Insidieux, initiant toute malversation.

Un temps fort long tant bien que mal s’est écoulé.
Que de couleuvres a-t-on dû y avaler.
La justice approuve le pouvoir colonial
Dans ses conceptions tant saugrenues que raciales.

Ils ont essayé de nous faire rompre nos rangs,
En imposant des lois conçues au plus haut rang,
En créant des coutumes chargées de blasphèmes
Du culte de l’Islam qu’ils frappent d’anayhème.

Que de lignes de conduite ont-ils adoptées
Après études et réflexions adaptées.
Ils ont été bercés par autant d’objectifs
Qui leur font oublier leur apport primitif.

Puis le “LATIF” a pris sa place dans nos moeurs
Nous dotant d’une vie “sans reproche et sans peur”.
Aucune autorité, ni de gré ni de force,
N’y est parvenue avec l’aide de ses forces.

A Salé la prise de conscience était forte,
Et delà elle a tapé à toutes les portes.
Elle fut suivie dans l’esprit de vigilance
Par tout être altruiste doté d’intelligence.