Le peuple est accablé sous le poids des impôts;
Il s’en plaint sans qu’aucun n’écoute ses propos.
L’horizon des pilleurs s’arrête à leur fortune,
Au faste et au luxe d’une vie peu commune.

Ses partis ont tout fait pour nuire à son union,
Espérant satisfaire ainsi leurs ambitions.
Ils ont mobilisé le gros des militants,
Dans des troupes de choc pour les guerres de clan.

Le peuple en lambeaux est pour le moins ignorant
Si la voie du salut passe à travers ses rangs
Et si la liberté à laquelle il aspire
Est un principe acquis ou un simple désir.

Nos journaux sont bourrés de fâcheuses nouvelles,
Destinées à leurrer l’esprit qui se rebelle,
A lancer des blasphèmes en sonnant l’alarme,
Et produire un tissu d’illusions qui désarme.

Nos moyens sont légion mais le tort les unit.
Pilleurs et spoliés se trouvent réunis.
Qui va donc se charger de cimenter l’union?
Qui défend notre image au concert des nations?

Notre situation, notre part d’héritage
Se sont tôt dégradées, causant bien des dommages.
Si cet état de choses reste à tout jamais,
Ce sera le sursaut des ventres affamés.

Je le vois prendre corps et se concrétiser
Au moment oũ l’Etat veut se moderniser
Pour que la justice soit claire et plus sereine,
Et que la critique abandonne ses rengaines.

Nous sommes tous unis par la langue et la foi;
Nous vivons tous ensemble sous le même toit.
Mais seuls les tyrans ont droit à de l’eau limpide,
Exerçant leurs caprices en pécheurs sordides.

Nous sommes tombés dans l’oubli, morts et inertes,
Sans amis ni proches déplorant notre perte.
Le chaos tout autour n’a aucune limite,
Les tyrans y trouvent leur compte ou s’en dépitent.

N’avez-vous jamais craint, en couvrant la nation
De mépris, d’initier révolte et sédition?
Un peuple sera-t-il bien plus vindicatif
Sans un rassembleur au talent persuasif?

S’il y avait parmi eux un Jésus qu’ils vénèrent,
A quoi leur serviraient les lois de l’univers?
Corrigés au fouet pour toutes leurs erreurs,
Aux portes de l’enfer, ils crient de douleur.

En faisant partie de notre gouvernement,
On s’enrichit, l’esprit exempt de tout tourment;
On vit dans le luxe, dépensant sans compter
sur les maigres entrées d’un budget dévasté.

Sans corruption, aucun dossier n’est à traîter
Dans les bancs de l’oubli il sera rejeté.
Rares sont ceux qui lui montrent de l’intérêt,
En vertu des pouvoirs qui leur sont conférés,

Seuls se règlent quelques dossiers qui représentent
Des sources de profits valorisant les rentes.
Une fois soudoyé en secret, il devient
Courtois et diligent, aimable de maintien.

Son seul souci est de couvrir la fin du mois;
Mais l’appât du gain est plus fort qu’il le croit
Et lui fait réclamer un surcroît conséquent
Qu’il justifie par un discours éloquent,

Mais, lorsqu’il s’agit d’un agent chaste et sérieux,
Il prendra les vices de la terre et des cieux.
On le tiendra pour un agent très difficile
Qui sacrifie le gain aux recherches stériles.

Il tient à éclairer le secret des affaires,
Et met en relief les véritables critères.
On est ainsi soumis, pieds et poings liés,
Aux ordres d’un chef à qui l’on doit se plier.