Ils nous ont soulagés de nos biens par l’impôt
Qu’encaissent des tyrans aidés de leurs suppôts.
Nous avons honni notre état d’indépendance,
Qui s’est révélé comme un enfer de souffrances.

Il nous a mis dans un désastre irrémédiable,
Après avoir été notre cible enviable.
La hausse du chômage est due à la paresse,
Ignorer ce fléau, c’est là où le bât blesse.

Les gens souffrent d’avoir soif et d’être éreintés
Par le manque de tous moyens pour subsister.
Nous nous plaignons à Dieu si l’on assimile
Notre silence à un comportement servile.

Ils ne voient en nous que des bêtes sans conscience,
Destinées à porter leur charge en permanence.
S’ils ne font que peu cas des droits sacrés des gens,
C’est que leur esprit est sec et intransigeant.

Noyés dans les plaisirs et la dépravation,
Ils ne rendent compte d’aucune obligation,
Ce qui est un abus de pouvoirs scandaleux,
Et une agression vis-à-vis des miséreux.

Que ne commet-on de maux par les temps qui courent,
Livrant la lie du peuple aux griffes des vautours.
On voit que le chaos s’agite et puis fait rage,
Et que le désordre s’installe et se propage.

La lutte pour la vie, mêlée au désarroi,
Pousse la rue à faire flèche de tout bois,
Afin d’éradiquer le climat de misère
Et porter au pouvoir “les damnés de la terre”.[1]

Mes conseils sont empreints tous de sincérité
Et portent la marque de mon honnêteté.
N’allez pas dire qu’ils remuent la poussière
Devant les ténèbres qui cachent la lumière.

J’estime pour ma part que c’est un très grand risque
Que nos biens diminuent au seul profit du fisc.
Ils ont beau dire que l’on vit dans le bien-être,
Mais ne distinguent guère entre “être ou ne pas être”,[2]

(1) Titre d’un ouvrage de Frantz Fanon consacré à la critique du colonialisme.

(2) “Etre ou ne pas être, telle est la question” est une citation extraite d’une des pièces les plus célèbres de Shakespeare: Cette fameuse réplique qui revient comme un leit motiv au cours d’une longue tirade de Hamlet, est une profonde méditation sur la vie et sur la mort.