Notre constitution? On nous l’a imposée.
Où sont donc tous nos droits? Ils nous sont refusés.
La bouche est muselée, le nez piétiné,
Notre voix étouffée, nos deux mains enchaînées,

Notre honneur bafoué, nos bras paralysés,
Nos deux pieds embourbés, nous voilà maîtrisés,
Chus dans la débauche, perdus de tous les vices,
Poussière est notre mur, qui portait l’édifice.

Le puits s’est desséché; nous buvons de l’eau trouble,
La poule aura des dents, la charge n’est plus souple,
Le mensonge fuse, le tout menace ruine,
Le filage est grossier, on crie ainsi famine.

Nous vivons de dettes, payons cher le débit,
A fort taux d’intérêt qui s’ajoute au crédit.
Le sac est mis à sec, les taxes l’ont vidé,
Soulageant de son bien son porteur dénudé.

Le riche est licencieux, s’adonne à la débauche,
Haï est le ministre, dans ses péchés chevauche;
Le peuple est accablé, ses preuves rejetées,
Nos jeunes désoeuvrés, n’ayant rien à brouter,

Désuète est la loi, injustes nos verdicts,
Ouvrant aux victimes l’accès à la vindicte.
Nos liens sont relâchés, notre foi refroidie,
Notre emblême en berne, ses couleurs affadies.

Allons-nous nous lever de cet état morbide
Et donner plus de vie à notre teint livide?
A nos âmes bien nées, rien ne semble impossible,
Quand vibrent pour le Roi nos cordes bien sensibles.