“Baiser! rose trémière au jardin des caresses!”
— Paul Verlaine.

L’amour vrai est cause d’un cruel châtiment.
Il embrase les coeurs, ajoute à nos tourments.
En amour nul ne peut prétendre à la victoire.
La bienaimée me tient captif dans son terroir.

Une fois qu’il essaie de prendre la fuite,
La belle se met aussitôt à sa poursuite,
Ma passion dépasse de “Kais” le grand amour. (1)
Mon esprit s’embrase; mon sang ne fait qu’un tour.

Ma profonde affection, mes soupirs et mes larmes
Croissent d’intensité, séduits par trop de charmes.
J’eusse tant souhaité mourir de mon chagrin.
Nul n’est amoureux s’il ne meurt le coeur étreint.

Je suis tout passionné par l’air de l’aventure
Et je tape aux portes recherchant l’âme pure.
Dans mon coeur se trouve la voie de la raison
Qui me fait découvrir l’ardeur de ma passion.

Je me réjouis d’être adoré de ma belle,
Dont le goût des baisers est un vrai don du ciel,
D’où jaillissent et la clarté vive du beau
Et le noir absolu du plus noir des corbeaux.

(1) Allusion aux héros de poèmes gallants qui datent de l’ère Omeyyade, à un moment où les Jamil, Orwa et autres “Kays” portaient un amour platonique à leur bienaimée, réelle ou mytique, immortalisée par la légende littéraire sous le nom de “Leyla”.