Notre jeunesse ne se fixe aucune cible
Car, par tempérament, elle est fort irrascible
Et est dans un piteux état d’agitation,
Condamnée aux échecs, livrée à l’abandon.

Elle sacrifie et sa langue et ses usages,
A de son pays une vaporeuse image.
Et donne libre cours à son esprit pervers,
En se laissant aller au gré de ses revers.

Victoire à la Pyrrhus au bord de la défaite,
Tel est le butin de ses nouvelles conquêtes,
Qu’elle brandit comme prime de récompense,
La mettant à l’abri du glaive et fer de lance.

Jeunesse qui se fourvoit dans l’impiété,
Et se vautre dans un monde d’insanités.
Dans la francofolie tu as vu une aubaine,
Et t’es entourée d’une fierté malsaine.

Tu as dressé devant la langue la plus noble,
Qui nous a allaités, un mur de honte ignoble;
Langue qui doit son lustre au Livre vénéré,
Nous transmettant de Dieu la parole sacrée.

C’est l’abri le plus sûr pour les âmes bien nées,
Il joint à l’esprit et au coeur les dons innés.
C’est une source de lumière qui éclaire
Ce que l’ignorance cache de vraie misère.

L’essence de toutes choses s’est reflétée
Dans sa fine grâce et l’éclat de sa beauté.
Les moeurs s’adoucissent au contact des idées
Et des enseignements que le Verbe a mandés.

Les esprits se parent d’un charme séduisant
Par son agencement agréable et plaisant.
Le Livre saint coule de source intarissable,
Rien ne peut l’imiter, ni lui est comparable.

Pour l’être cultivé, l’oreille en est flattée
Et l’esprit nourri de quête de chasteté.
C’est une source d’où jaillit une eau limpide
Agréable pour tous les goûts, même insipides.

Que n’ont-ils su ruser pour nous en détourner
En nous servant de l’eau croupie et avinée,
Avec l’espoir de nous laisser vivre isolés
De ses enseignements, quitte à les refouler.

L’homme voit que la vie qui bat dans ses artères
Le dispense de voir médecins et confrères.
La vraie stabilité, il sait qu’elle s’acquiert
Après avoir douté de ce qu’elle requiert.

Ils ont pris le parti d’en ignorer la lettre
Avant de renier la langue des ancêtres
Et s’être contentés d’une langue imposée,
Se privant de la leur au nectar arrosée.

Ils portent dans des seaux l’eau à ébulition
Attisée par l’opprobre en pleine combustion.
Ils se sont appliqués à déclarer licite
La vente de l’alcool à tous leurs acolytes.

Pour être au niveau des esprits évolués,
Suivons les méthodes, les yeux éberlués,
De l’occupant qui forge ainsi des mots nouveaux
Dérivés de supports lui servant de suppôt.

Nous avons dans notre tradition culturelle
Un héritage oral de justice réelle.
Il est fondé sur de solides arguments
Qu’on ne saurait ainsi effacer indûment.

L’axe de ce pivot tient dans l’interaction
De l’usage des mots et leur combinaison.
C’est la loi qui régit les langues qui s’adaptent
Aux aléas du temps ainsi qu’à leurs impacts.

Il suffit d’opter pour un texte bien précis
Ecrit dans un style ramassé et concis
Pour que l’écriture s’adapte à des critères
Exempts des défauts de l’expression roturière,

Et ne s’engage pas dans des propos diffus
Ni dans des verbiages à tout le moins confus.
Si on l’adopte par un choix clair et lucide,
Il sera plus pur que l’eau douce et plus limpide.

Il émettra un air pour l’ouĩe captivant
Joint à l’harmonie qui rend les sons avivants.
Mais, s’il est percutant autant qu’irréfutable,
On devra l’écouter comme un vrai ton d’oracle

Si les siens font ainsi preuve de négligence,
Ils seront condamnés aux pires déchéances.
Dépériront corps et âme dans leur défaite
Et seront rejetés comme une ordure abjecte.