(I)

Chaque époque est marquée d’un trait particulier;
La nôtre dans l’horreur a planté ses piliers.
Comparée au passé est une vraie gageure,
Car n’étant pas nette de toutes les souillures.

Les hostilités y sont bien plus meurtrières
Que les toutes vieilles velléités guerrières.
Les nouvelles d’un bout à l’autre de la terre
Se transmettent à la vitesse de l’éclair.

De nos jours, on doit au réseau téléphonique
Que l’on sait tout de loin, que tout se communique.
Notre ère a connu un grand regain de miracles
Relevant tout défi, par delà les oracles.

L’homme se croit exempt de toute impunité
A vouloir conquérir l’espace convoité.
Il a fait ce constat pour le moins insolite,
De n’avoir rien à craindre à quitter son orbite.

Afin de découvrir le fin fond des secrets
Que cache l’univers dans ses nombreux apprêts.
De nos jours, l’homme fait preuve de grande audace
En voulant affronter l’inconnu dans l’espace.

Il sait qu’il se trompe, se repaît de chimère
D’avoir raison, dit-il, de l’immense univers.
En allant conquérir le royaume des cieux,
L’homme se surpasse; il se prend pour un dieu.

Il oublie que les mécréants ici-bas
Sont voués à rester cloués sur leurs grabats.
Puissent-ils encourir revers après revers.
Fermant tous les accès de passage au travers.

(II)

Toute ère historique a des traits bien spécifiques;
La nôtre est ravagée d’infamies endémiques.
On prétend y faire un grand nombre de réformes,
Pour veiller au respect des valeurs et des normes,

Exhiber tous ses torts à la jeunesse en face,
Sans déchoir de ses dons innés et perspicaces,
Pour qu’elle soit pure de toutes les souillures,
Sur la base du bien souverain qui perdure,

Nettoyer l’esprit des illusions qu’il caresse,
Faire rayonner la justice et la sagesse,
Obtenir du peuple de parler d’une voix,
Et respecter la voie prescrite par la loi.

Comment se fait-il qu’un vulgaire mécréant,
Sorti d’on ne sait où, si ce n’est du néant,
Peut ainsi réussir là où, a priori,
Nos doléances sont clouées au pilori?

C’est une gageure où les prophètes eux-mêmes
N’ont pu surmonter les tabous et les totems.
“Tes élus ne sont pas tous dans la droite voie”
Prouvant qu’il est mis fin au temps du désarroi.

“L’homme ennemi de l’homme” est encore une preuve
Que ne peut réfuter qui dans le mal s’abreuve.
La question est toute cernée d’ambiguités,
Sa fonction renversée et mal interprêtée.

Le péché nous paraît être un acte licite,
Au même titre qu’une action non interdite.
Les basses moeurs chassent les bonnes et se dressent
Comme un mur qui sépare espérance et détresse.

A l’instar de satan ils seront lapidés
Et verront tous leurs biens d’un coup dilapidés,
Seront voués à un châtiment exemplaire.
Qu’ils ont bien mérité, équitable et sévère.