(I)

Je félicite la glorieuse Tanger
Pour la couronne qui la met hors de danger.
Elle éclairait comme un phare tout un détroit,
Dominant une mare nostrum aux abois.

L’histoire reconnaît qu’elle a joué un rôle
Dont elle est encor fière comme d’un symbôle.
Elle était la base arrière de la conquête
Du rocher que Tarek prit pour sublime faîte

Ouvrant la voie vers le pays des infidèles
A ses combattants dont il stimulait le zèle,
Pour gagner à l’Islam un peuple de chrétiens
Et tous ceux, égarés, qui ont l’esprit paien.

Après que le contingent arabe a subi
Son plus grave revers, les natifs ont repris
La relève avec plus de détermination
Et l’ont protégée contre toute destruction.

Ils tiraient de cette prise en mains de la ville
Une fierté qui éclairait l’esprit servile.
Ils ont pris soin de la langue du Livre Saint
Choisie par le Coran tel un legs à dessein

Et l’ont transmise à leurs valeureux descendants,
Comme on transmet un trésor orné de diamants.
Un grand patriote y détient le pouvoir,
Renforce l’enceinte fortifiée du terroir.

Tanger vacille de l’Islam à l’incroyance;
Son eau pure est souillée par de sales engeances.
Elle oscille entre un arrière goût fort amer
Et le goût du miel dont le parfum régénère.

Il l’a ressussitée alors qu’elle était morte,
Y a rétabli l’ordre et mis fin aux révoltes.
Il l’a réunifiée après maintes rechutes,
Protégeant sa vertu de haute et vive lutte.

La religion est de bon augure à sa droite
Et la science l’aide à raviver l’esprit moite.
Il a montré de grandes qualités de coeur
Et avait le secret d’éviter les rancoeurs.

Il a appris la science et l’Islam au public
Avec un art et une patience angéliques.
Il l’a très tôt conduit vers un jardin fleuri
Qui exhale une odeur de parfum fort exquis.

La ville a connu un regain de connaissances;
Sciences et lettres y rayonnaient à outrance.
Ainsi la langue arabe a conquis l’occident,
Pure, de style soigné, dépourvu de chiendent.

Ô vous, dont l’ascendance remonte au prophète,
De noble origine, chaste comme un ascète,
Votre présence a mis toute la ville en liesses.
Quant à vos détracteurs, un froid de loup les gerce.

Telle est la grande joie dont j’ai le coeur empli,
Quand votre voix se mèle à la vox populi.
Elle exprime l’élan de ma fidélité
Ainsi que les motifs de ma félicité.

D’essence pure, tant à l’esprit qu’à la lettre,
Elle est sertie de vers qui sont ma raison d’être.
Elle n’offre pas la loyauté à crédit
Et pardonne à qui se rétracte et se dédit.

Mais elle est mue par un amour profondément
Enraciné, que ne trouble aucun désagrément.
Son attachement à la lignée du prophète
Est lié à une corde solide et nette.

(Il manque trois vers. A compléter …)

(II)

Elle s’est détendue, la conscience tranquille,
Alors qu’elle souffrait de secousses fébriles.
Elle était de tout temps gouvernée par des loups
Qui gardent les brebis comme les loups garous.

Les gens y sont pendus aux basques des crapules
Qui, à croire être grands, demeurent minuscules.
Ils se courbent devant l’occupant étranger
En tremblant d’être chassés comme des geais.

Ils ont passé ainsi une longue période
Tels, parmi des vacanciers, des intrus qui rôdent.
Elle était pour nous Marocains la mariée,
Qui accueillait ses hôtes et leur souriait.

Mais elle est devenue telle une vraie captive
Qui voit le monde libre aller à la dérive.

(à suivre …)