Toute époque est marquée d'un trait particulier;
La nôtre, dans l'horreur, est ferme sur ses piliers.
La comparer aux ères passées est une gageure,
Tant elle ne s'est pas gardée pure de toute souillure.
Les hostilités y sont bien plus meurtrières
Que les cruelles vieilles velléités guerrières.

Les nouvelles d'un bout à l'autre de la terre
Se transmettent avec la vitesse de l'éclair.
A notre époque, grâce aux liaisons téléphoniques,
Tout se sait à distance, tout se communique.
Notre ère a vu se réaliser des miracles,
Relever des défis, par delà les oracles.

L'homme se prétend exempt de toute impunité
En conquérant l'espace qu'il a tant convoité.
Il a fait ce constat pour le moins insolite
De n'avoir aucune crainte à quitter son orbite
Pour aller découvrir le fin fond des secrets
Que recèle l'univers dans l'art de ses apprêts.

L'homme a fait preuve de notre temps d'une grande audace
De croire maîtriser l'inconnu, de guerre lasse.
Il se trompe lui-même, se repaît de chimère
D'avoir raison, dit-il, de l'immense univers.
En allant à la conquête du royaume des cieux,
Deus ex machina, il se prend pour un dieu.

Il oublie que tous les mécréants ici-bas
Sont voués à rester cloués sur leurs grabats.
Fasse Dieu qu'ils subissent revers après revers
Et qu'ils ne passent plus comme toujours au travers.

* * * * *

Chaque époque montre des caractères spécifiques.
La nôtre est ravagée de mensonges endémiques.
On y prétend réaliser bien des réformes
Pour veiller au respect des valeurs et des normes;

Eduquer les jeunes pour qu'ils voient leurs torts en face,
Sans déchoir de leurs dons innés et perspicaces;
Pour qu'ils se gardent purs de toutes les souillures
Et adoptent l'esprit du bien qui dure et perdure;

Pour qu'ils abandonnent les illusions qu'ils caressent,
Et fassent rayonner la justice et la sagesse;
Pour obtenir du peuple qu'il parle de la même voix
Et respecte les règles établies par la loi.

Ceci est une gageure où les prophètes eux-mêmes
N'ont pu surmonter tous les tabous et totems.

Comment donc se fait-il qu'un vulgaire mécréant.
Sorti d'on ne sait où si ce n'est du néant,
Peut ainsi réussir là où, a priori,
Nos doléances restent clouées au pilori?

"Tu ne mets pas tes élus dans la droite voie"
Est une preuve qui dissipe trouble et désarroi.
"L'homme est un ennemi pour l'homme" en est une autre
Que ne peut réfuter qui dans le mal se vautre.

La question a été cernée d'ambiguités,
Et son sens renversé et mal interprêté.
Le péché nous paraît comme un acte licite,
Au même titre que toutes les actions non interdites.

Les mauvaises moeurs chassent les bonnes et se dressent
Comme une barrière entre l'espoir et la détresse.
A l'instar de satan, ils seront lapidés
Jusqu'à en mourir, et leurs biens dilapidés.

Son châtiment, impitoyable et exemplaire,
N'a nulle part son pareil, juste autant que sévère.