Quand j’ai vu que tu avais le coeur sec et dur,
J’ai douté si le serment d’amitié perdure.
Tu étais pour moi la douce sérénité;
Te voilà la cause de ma perplexité.

Je me suis dit: Est-ce un signe de rupture?
Je n’ai jamais pensé qu’une telle aventure
Pût te frôler l’esprit. C’est une vraie gageure.
Pourquoi cette aversion? Ce coeur comme un fer dur?

Honte à toi, mon ami, t’ai-je jamais trahi?
Scrute ta conscience. C’est mon seul alibi.
Demande lui de décrire le sentiment
Que je ressens de subir un reniement.

Dieu m’est témoin que mon amitié est sincère.
Ton éloignement me suffit comme calvaire.
Jamais je n’ai vécu le transport de la haine;
Pourquoi en rajoutes-tu ainsi à ma peine?

Les caprices du sort cherchent toujours à nuire
A qui, ayant aimé accepte de souffrir.
Ce reproche émane du tréfonds de mon coeur,
Qui te voue une amitié scellée sans rancoeur.

Ce poème est le premier texte en vers que j’ai composé et adressé sous forme de reproche à un ami qui avait interrompu le cours de notre correspondance. J’ai dû longtemps attendre qu’il se manifeste, mais c’était peine perdue. Je me trouvais à l’époque à Fès où je poursuivais mes études à l’Université de la Karaouiyine.