Un peuple dont les arrières ne sont pas couverts
Par une constitution essuie tous les revers
Et demeure exposéà la déprédation,
Au pillage de ses biens et aux malversations.

Mais si nous souhaitons qu'il soit débarrassé
De toutes les souillures dont il est encrassé,
Et qu'il soit sans défaut, à l'abri des critiques,
C'est risquer une descente dans une falaise à pic.

Viser la perfection au début du parcours,
C'est faire fausse route et rêver en plein jour.
Mais si des hommes d'expérience et d'esprit mûr
Lui conseillent de prendre le chemin le plus sûr,

Lorsque notre pays, jetant tous ses lambeaux,
Des sciences et des arts portera le flambeau,
Si des hommes de culture émergent de ses rangs,
Pour trier le bon grain et balancer le van,

Leurs opinions seront pour lui une source pure
D'où jaillit l'eau de roche limpide et sans souillures.
Croupis dans l'ignorance, endurcis comme une pierre,
Privés de voir leurs droits, où voient-ils la lumière?

Ce qui les intéresse est de subtiliser
Le produit des impôts, en vrais aigles rusés.
Nous avons caressé l'impossible, implorant
Le secours d'un messie, et sans cesse espérant

Etre ainsi à jamais délivré d'un tel sort,
Qui incite constamment à redoubler d'effort.
Mais ils doivent supporter des revers de fortune,
N'étant capables d'aucune démarche opportune.

Une vie d'humiliation est de loin préférable
A celle d'une grandeur aux desseins exécrables.
Qu'adviendra-t-il de nous si n'importe quel truand
S'empare du pouvoir, agit en prince règnant?

C'est le monde à l'envers, cruel et chaotique,
A nul autre pareil, depuis les temps antiques.
Sévis d'une main de fer, agis promptement,
Sans faillir ni faiblir, réagis fermement.

N'aie surtout pas pitié, car à trop pardonner,
On perd l'autorité d'un guide chevronné.
Nos affaires seront nettes d'un tas de saletés,
Et notre eau nettoyée de toute impureté.

Accepte mon conseil empreint de dévouement,
Exempt de tout abus, dénué d'engouement.
Allons au-devant d'eux, résolus de pied ferme,
Faire triompher le bien du mal encore en germe.