Nous avons découpé ce long poème en plusieurs épisodes se rapportant chacun à un développement thèmatique précis. Les titres que nous avons donnés à ces parties prennent en considération la commodité du lecteur en lui permettant d’avoir une vue d’ensemble du poème, tout en lui laissant le soin de procéder à une lecture partielle, en fonction du domaine de recherche choisi ou de l’intérêt porté pour l’un ou l’autre des sujets traités.

Le Roi, garant du pouvoir monarchique

Sources de dignité du pouvoir monarchique,
Ordre et religion sont ses garants authentiques,
Mais lorsque monte sur le trône un Roi vaillant,
Couvert par la bonté de Dieu le bienveillant,

A l’instar du gardien de notre intégrité,
Mohammed V, palme de la légalité,
Qui bâtit un royaume au zénith de la gloire
Où son règne sera gravé dans les mémoires,

Il nous couvre d’un pan de sa sollicitude,
Elancé en hauteur, ivre de solitude.
Dignité et grandeur ne se râpent jamais.
Comment les qualifier? Génie? Coeur enflammé?

Lorsque l’occupant cherche à le prendre d’assaut,
Le Roi l’accule vite et l’attaque en sursaut,
Le faisant reculer, enragé de courroux,
Défaisant son armée, serrant la bride au cou.

Criblé de honte et tout couvert d’humiliation,
L’ennemi se résigne à l’âpre reddition.
Le jour viendra où il sera discrédité
Par de jeunes recrues, tous de talents dotés.

L’esprit ferme du Roi se dresse comme un mur
Infranchissable en béton armé pur et dur.
Il confond l’adversaire au moyen d’arguments
Qui le laissent pantois, surpris d’étonnement.

Héros hardi et d’un courage à toute épreuve,
Il cache ses dons pour n’en pas fournir la preuve.
Ne s’est-il pas dressé contre l’impertinence
Et l’injustice dès lors en pleine effervescence?

Le pays n’a jamais tout au long de l’histoire
Vu un homme voler de victoire en victoire.
Où est le Roi de sa trempe? Je n’en vois point.
Nationaux et Français s’accordent sur ce point.

Il est monté sur le trône de ses ancêtres,
Tenant du pouvoir et les rènes et le sceptre.
Il a suivi la bonne voie et exalté
L’amour d’un peuple qui jure fidélité.

Conseiller au coeur pur, loyal quand il s’engage,
Il règle sur le champ ses dettes sans ambages.
C’est l’esprit le plus pur et le plus éclairé,
Témoin ce qu’en pense l’ennemi déclaré.

Initiateur d’idées, instigateur d’actions,
Esprit réformateur, doué de réflexion,
Il porte un intérêt très grand pour la jeunesse,
Suit de près les lignes de conduite perverses.

Si nous pouvons suivre la voie qu’il a tracée,
Nous serons au sommet où il veut nous placer.
Il est notre flambeau, notre guide suprême,
Il nous rehausse aux cimes jusqu’au plus extrêmes.

Oh! peuple, nous dit-il, hâtez-vous de cueillir
Votre part du gâteau, ou celle du martyr.
Réussit dans la vie celui qui fait valoir
Ses droits sans dormir sur ses lauriers péremptoires.

Nos anciens exerçaient leur génie à créer
Des oeuvres que nous nous contentons d’admirer.
Les autres sont en train de planer dans l’espace,
Quant à nous, oisifs, nous passons pour des limaces.

Nous avons besoin d’hommes dont la dignité
Peut servir d’exemple à la postérité.
Notre contrée recèle d’ineffables sources;
Abondantes et variées sont ses ressources.

Si ses enfants s’appliquaient à les exploiter,
Avec la pluie, les champs seraient moins encroûtés.
Si le bon sens avait ainsi droit de cité,
Son jugement serait aisé à accepter.

Mais lorsqu’on dépense plus que ce qu’on reçoit,
On dit, sa soif étanchée, : “Misère de moi!”
Si nous recherchions ses trésors cachés sous terre,
Ils nous permettraient de combler notre misère.

Si nous avions tant soit peu l’esprit d’entreprise,
Nous aurions mis fin à notre fainéantise.
Si nous prospections nos régions riches en mines,
Nous aurions réussi à restaurer nos ruines.

Ainsi parlait le Roi, prodiguant ses conseils
Enoncés clairement, nous tenant en éveil.
Telles sont ses orientations aussi concises
Que précises, sans que notre esprit s’en avise.

Le rôle néfaste des partis politiques

Nous nous sommes accrochés à nos ambitions
Provoquant des conflits malsains pour la nation.
Les partis politiques ont vu leur nombre augmenter
Au milieu d’une nuit tout de noir habitée.

Chacun de ces partis s’est repu de chimères,
Depuis la tête pensante jusqu’aux arrières.
Un corbeau de malheur a crié et semé
Le chaos en louant leurs lieux malfamés.

La vie ne se conçoit dans l’entente et l’union
Qu’avec le soutien et l’aide de la religion.
Si nous nous imprégnons de ses enseignements,
Notre récolte sera d’un grand rendement.

Elle ôte la haine des coeurs de la jeunesse
Que le chaos captive et tient sans cesse en laisse.
L’esprit partisan de son poids pèse sur elle
Sans l’arracher aux griffes placées sous les ailes.

Chaque instant, les blessures augmentent en nombre;
On gémit de douleur, on voit la vie en sombre.
Ils s’adonnent ouvertement à la débauche
Et autorisent l’interdit qu’ils réembauchent.

Quand un pays rend licite l’illicite,
Malheur à lui! Dans le gouffre il se précipite.
Les siens se rehaussent au faîte de la gloire,
Tenant dans leurs mains bride et autres accessoires,

Les jeunes doivent savoir que la royauté
Est un fort qu’on bâtit pour la postérité.
Fixez votre objectif, intégrez les renforts
D’une armée de soutien, soyez-en le support.

Chassez vos querelles d’une discorde nées,
Et défilez en rangs serrés et ordonnés.
Les luttes des partis annoncent la déroute,
Irrévocable arrêt barrant toutes les routes,

Laissez de côté vos profondes dissensions
Et livrez-vous à de sérieuses réflexions.
Conjuguez vos efforts dans un combat commun;
Vous serez rehaussés au dessus du commun.

Le culte du devoir élève à l’apogée
Des honneurs même ceux de zèle mitigé,
Qui jouiront sans nul doute d’un traîtement
De faveur les hissant au zénith du firmament.

Avec le soutien de la classe cultivée
Qui les voit en hommes de mérite éprouvé.
Dans les lieux éminents de nos représentants,
Ils seront reçus comme de vrais militants.

Lorsqu’il s’agit d’attribuer une fonction,
Le Roi fait appel à ceux méritant mention.
En comptant sur lui pour prodiguer un conseil,
On le voit grandi et à nul autre pareil.

Quand on a une armée forte et organisée,
L’esprit de corps exclut qu’elle soit divisée.
Ses valeureux soldats livrent de durs combats.
L’ennemi les redoute en titubant des pas.

Ordre et sécurité sont ses atouts majeurs,
Paix et stabilité ses toiles de valeur.
Justice et équité y sont menées de pair,
Rendant notre vie plus heureuse et plus prospère.

Quand les jugements sont conformes à l’esprit
Des lois, leur arrêt ne s’estime à aucun prix.
Ils tirent fierté du respect qui leur est dû,
Imposant de règler à chacun tout son dû.

En sauvegardant les droits acquis, la justice
Veut qu’aucun espoir en elle ne s’engloutisse.
Par ses discours d’orientation il magnifie
Son rang de guide suprême qu’il glorifie.

Son esprit d’entraide et de solidarité
A noué et fixé les liens d’identité
D’un peuple uni autour du trône et de ses lois,
Et déclarant la même profession de foi.

En prêchant pour la religion de ses ancêtres,
Il fait honneur à la nation qui l’a vu naître.
En y respectant les règles de piété,
Chacun y mourra en odeur de sainteté.

Si une contrée voit rayonner la prière,
C’est que la foi y a répandu ses lumières.
Jeunesse, travaillez et prenez de la peine,
Soyez prêts au combat où le sort vous entraîne.

Ailleurs, les jeunes ont obtenu gain de cause,
A force de lutter, sans s’offrir une pause.
Quant à nous, nous avons préféré nous distraire
Et nous charmer avec l’accent d’une chimère.

Enfants courageux de ce pays, levez-vous!
Votre nation ne s’est jamais mise à genoux.
Adoptez dans vos rangs une voix unanime;
Sinon, de désespoir vous glissez dans l’abîme.

Causes de tous nos maux, misère et désunion
Ont souillé nos moeurs du mal de la corruption,
Rêvant de naviguer, le blanc bec revendique
Le leadership au risque d’y couler à pic.

Il attend un regain de considération
Dans un compromis d’orgueil et de séduction,
Se sachant coléreux, connaissant ses misères
Et devant son prestige à un fort caractère,

Mais il ne sait l’estimer à sa juste valeur,
Ni apprécier l’effort que requiert son labeur.
Bref, il se déploie dans un cadre merveilleux,
Prenant plaisir à voir son corps si harmonieux,

Mais, quand on lui ôte le voile qui le cache,
Sa lumière s’éteint, le noir sort de sa cache.
Il porte un habit très fin, couleur de poussière,
Qui ne tarde pas à se dissoudre dans l’air.

S’il t’arrive un jour d’entendre un de ses discours,
Tu le verras dans tous ses états et contours.
Tu te diras: C’est un discours grandiloquent,
Portant l’empreinte d’un orateur éloquent,

Ou d’un héros connu pour sa témérité
Et les victoires qu’il a partout remportées.
Ainsi se conduit tout homme dont les dires
Ne sont que redondances, sinon encor pires.

Il fait des promesses de gascon ou décrit
Un mirage qu’avec la mine de proscrit,
L’assoiffé, bien qu’il y mette tout son espoir
N’atteint pas, quitte à courir du matin au soir.

Ses besoins se limitent à ce qu’il désire
Avoir à manger et boire jusqu’au délire.
Il s’intéresse peu aux affaires d’autrui
Licites, illicites ou cas fortuit.

Il n’est de plus pure vanité que de croire
Que la grandeur s’acquiert selon son bon vouloir.
Ne peut pourtant prétendre au rang de la noblesse
Que celui qui agit hors de toute bassesse,

Renforce son prestige en en portant la charge
Jusqu’au large des mers sur une simple barge.
Suivant les traces de Ben Youssef notre Roi,
Dont la réputation est de très bon aloi.

Il a toujours fait preuve de sincérité
Avec les conseils de grande sagacité
Qu’il ne cesse de prodiguer en mettant soin
A prendre son peuple fidèle à témoin.

Ô peuple, nous prenons part à un dur combat.
Ne restons donc pas cloués sur notre grabat.
Seul partira perdant le minable paresseux
Ou le lâche poltron qui se veut obséquieux,

Dont l’habit et les soins portés à sa personne
Sont ses soucis majeurs; que Dieu les lui pardonne.
Patriotes! il est temps de vous relever.
L’action commencée par vous doit être achevée.

Gare aux idéologies destructives

Sauvez la nation des griffes du communisme,
Source de chaos et de pur obscurantisme,
Il se présente sous l’aspect le plus brillant,
Modéré, réfléchi et surtout transparent.

Eloignez le peuple du mal qu’il porte en germe.
C’est un désastre qu’un cours d’eau en crue renferme.
Il charrie en passant tous les actes de foi,
Jeûne, prière et respect des divines lois.

Il tient l’esprit captif du manque de croyance,
Errant sans rien savoir du but de son errance.
Attaquez-le de front, résistez de pied ferme,
Co mbattez le péril pendant qu’il est en germe.

Engagez-vous dans des dépenses modérées,
Sachant que vos moyens sont plus que mesurés.
Initiez des projets sérieux et productifs,
Servant de vrais remèdes, non de palliatifs.

Faites en sorte que les classes laborieuses
Mènent une vie paisible et harmonieuse
Pour qu’elles puissent y trouver un réconfort
Et un gain matériel améliorant leur sort,

Pour qu’elles sachent bien que leurs émoluments
Compensent leur travail en moyens de paiement,
Pour plus de tolérance vis-à-vis d’un régime
Même s’il n’a rien fait pour qu’on le porte aux cimes,

Et que de ses actions naît un mal pernicieux
Qui engendre un péril nocif et désastreux,
Pourvu qu’on ne touche pa à la loi divine,
En promulguant une loi que nul ne devine.

Ceux-=là sèment un grain des plus inexorable,
Qui se mue en une maladie incurable.
Que de pauvres gueux, tentés par l’appât du gain,
Ont mis des années à espérer. Mais en vain!

L’argent, prétendent-ils, doit être en tant que bien
Réparti entre tous et retiré aux siens.
Une partie du peuple chez nous meurt de faim;
Une autre savoure plusieurs mets des plus fins.

Pourquoi y a-t-il des gens immensément riches,
Aux enfants bien nourris, amphore et cruche aux niches?
Pourquoi y a-t-il des gens qui vivent de pain noir
Et, pour l’accompagner, n’ont aucun accessoire?

Ainsi, le bien qu’on fait passe pour un mensonge
A travers les méfaits qu’il voile tel un songe.
Les jeunes sont ainsi séduits par le regard
De magie qui en dissimule les tares.

On voit donc s’égarer ces gueux du droit chemin,
En proie à des miasmes, n’ayant rien sous la main.
Ils se sont aveuglés sur l’ordre du Seigneur
Requérant d’observer les lois à la rigueur,

Oublieux des enseignements de ses prophètes
Qui s’imposent à nous tous, du bas au plus haut faîte.
Ceci revient à dire qu’ils ont le pouvoir
De revoir les actes sans de leur rang déchoir,

Ni faire preuve de dissolution des moeurs
De volonté de nuire et mépris des valeurs.
C’est déclarer la guerre à toute religion,
Au fil de l’épée passer toute conviction.

Afin d’atteler le peuple comme un âne
Soumis à un labeur qui l’éreinte et le vanne.
Tout être doué d’une langue et d’une plume
Doit être muselé, privé d’air frais qu’il hume.

Il ne fait preuve ni d’humeur ni de dépit,
Ne dispose pour se venger d’aucun répit.
A titre collectif et individuel,
Les recrues réunies viennent de ces deux ailes.

Ils apprennent le chant avec des chants d’amour;
Les répétant partout, de nuit comme de jour.
Ils y passent leur temps, férus d’assiduité,
A l’instar d’un mage devant sa déité.

Ils s’aveuglent devant tant d’humiliations,
Hésitant à résister à la tentation,
Persuadés qu’ils sont qu’aller dans leur sillage
Est le meilleur parti à prendre et le plus sage

Ouvertement ou en secret, ils se sont mis
A prêcher le blasphème aux impies qu’ils ont soumis.
Leurs sermons font penser à ces chiens enragés
Qu’on ne peut attacher que s’ils se sont gorgés.

Cette horde qui se fait mordre par ces chiens
Aboit comme eux et se mutine pour un rien,
Voilà dans quel état d’esprit on veut les voir
Parmi les athées qui font fi de leur devoir

Et qui cherchent à leur dicter leur arbitrage.
Sachant que ce qu’ils prônent n’est que bavardage,
Glorifier Dieu donne accẽs au paradis
Et prédit à son parti d’en sortir grandi.

Ô peuple, suis les conseils de ton dévoué serviteur;
Ce sont des principes fondés sur nos valeurs.
Issus d’une source d’inspiration divine,
Les contredire en renierait l’origine.

Sire, ton peuple à Dieu chaque jour fait appel
Et se plaint du mal qui, sans cesse, le harcèle.
L’exposé de tous tes griefs a rajouté
A ses peines un mal qui l’a épouvanté.

Le peuple se réjouit quand son chef est guéri
Et que tombent de son front les roses flétries.
Il lui souhaite un très prompt rétablissement
Et une vie de succès pleine d’agrément.

Si tu portes l’état d’une bonne santé,
Le peuple sera à l’aise et réconforté.
Tu es pour lui à la fois le coeur et l’esprit;
Si tu te plains d’un tort, aon coeur sera aigri.

Dieu a répondu à l’urgence de la quête
D’un peuple vêtu de son bel habit de fête,
Quand se sont dissipées les affres d’affliction
Prédisant une ère de joie et d’affection,

Quand s’annoncent à son sujet d’heureux présages,
Et que des chants sont le reflet de son image.
Ce faible éclairage suffit à discerner
Le succès et le prestige qui l’ont orné.

Tu es pour la nation une source de lumière
Qui dissout les ombres de la nuit et l’éclaire.
Sois un rempart de refuge et de dignité
Sois toujours la fine fleur de notre fierté

Fasse Dieu qu’il t’accorde une vie de bonheur
Et que la nation te doit d’être son sauveur.

La composition de ce poème a été achevée le 19 Août 1959, correspondant au 13 Safar 1379.

Explication contextuelle: L’Institution Monarchique