L’arbre pousse par les racines et s’élève,
Nourrissant ses parois d’une limpide sève.
Son sens olfactif fait circuler de l’air pur;
Son âge est marqué d’une série d’encolures.

S’il n’est pas bien taillé dans les règles de l’art,
Il sera pourri et rongé de toutes parts.
Il suffit d’avoir le sens de l’observation
Pour ne pas confondre sagesse et déraison.

Mais si nous persistons dans notre aveuglement,
Comment pouvoir juger avec discernement?
Malheur au peuple que les désastres assaillent,
Et tiennent serré dans l’étau de leurs tenailles,

Qui lui enfoncent leurs griffes de tous côtés,
Le pillent, le grugent, ruinent sa dignité.
Nous sommes condamnés à plaire aux gouvernants,
Vautrés dans le luxe, le vice à l’avenant.

Leurs très graves fautes échappent aux sanctions
Qui frappent l’opposant à tort ou à raison.
La dive bouteille, voilà leur passe-temps;
Recherche d’éloges les tente tant et tant.

Le ministre s’adonne à de nombreux méfaits
Qu’il commet tant par ses gestes que par ses faits.
Il se met au service de nos ennemis
Trahissant son peuple qui pleure et qui gémit.

Cette ère n’est-elle pas d’un temps révolu
Qui sent l’odeur de pierre et de bois vermoulu?
N’avons-nous pas cru voir tout au bout de la nuit
Poindre un jet de lumière à l’heure où l’aube luit?

Nous pensions que le noir qui sur nous tend ses ailes
Passe tel des nuages sans qu’ils s’amoncellent.
Mais les trombes d’eau nous inondent par rafales,
Et la funeste nuit nous trousse tous en malle.