Un style châtié rehausse l’expression,
Valorise le sens, rend claire l’allusion.
Le verbe y miroite comme une perle fine,
Sertie dans un collier de pierres purpurines.

Quand la magie des mots rehausse sa valeur,
On y prend goût, y voit un signe de splendeur.
Mais, quand le sens se vautre en pleine turpitude,
Quoi de plus pénible à lire, quoi de plus rude?

Les gens de goût sont las de lui prêter l’oreille,
Répugnant à toutes ces rengaines trop vieilles.
Ils n’y voient que propos indécents et stupides,
Qu’on entend dans les lieux malfamés et sordides.

Son auteur mérite qu’il soit ainsi soumis
Aux pires exactions, au banc de l’infamie.
Tel est le châtiment qui vaut le démérite,
Le prix qu’il doit payer sitôt qu’il périclite.

C’est un criminel né, un vrai provocateur,
Que Dieu nous préserve de ses perfides leurres.
Au demeurant, ceci n’est pas trop astreignant
Pour quelqu’un qui commet des actes répugnants,

Entoure ses desseins de tant d’ambiguité,
A défaut d’abjection et de stupidité.
S’il n’arrive pas à remplir ces conditions,
Il se fera toiser comme un nouveau troufion.

Il risque d’avoir de brutales déceptions,
Sauf à renoncer à l’audace dans l’action.
La tête enfouie au milieu d’un banc de sable,
Il cache son corps nu aux yeux indésirables,

Etant sûr, ce faisant, qu’on ne va plus le voir,
Quand il prend la fuite pour quitter le terroir,
Laissant le domaine de la vraie poésie
Aux hommes d’un talent exempt de frénésie,

Qui savent naviguer par une nuit sans lune,
Ne craignant ni froid noir, ni revers de fortune,
Lâchant loin derrière eux tout être vaniteux,
Osant rivaliser de talent avec eux.