Le rappel du passé réveille les passions
Tant les vieux souvenirs sont chargés d’émotions.
Témoins oculaires et sources auditives
Sont les acteurs de la conscience collective.

Montrons aux jeunes de cette génération
Le vrai sens de l’honneur et de la soif d’action.
Valorisons cette page de notre histoire
Qui met en valeur les hauts faits de nos victoires.

Faute de munitions et de soutien logistique du pouvoir central, Abdelkrim a dû déposer les armes en mai 1926, mettant ainsi fin à l’épopée rifaine qui l’avait mis aux prises avec deux grandes armées d’occupation pendant près de cinq ans.

Est-ce vrai la nouvelle annoncée par la presse?
Le monde en est troublé, le moral en détresse.
Les montagnes se sont d’émotion prosternées.
Les saintes vierges ont mis bas de nouveaux-nés.

Est-ce qu’Abdelkrim s’est, de sa vie au péril,
Laissé capturer pour aller droit en exil?
Comment, après avoir remué ciel et terre,
En brandissant l’épée, arme de ta colère,

Venu pour s’enrichir sans honte à nos dépens,
Le conquérant secrète un venin de serpent.
Vantant ses mérites par un très beau discours
Il excelle souvent dans l’art des calembours.

Après des incursions et des combats fatals,
L’armée d’occupation fait halte et puis s’installe.
On nous ferme la bouche avec des muselières,
Et nous bande les yeux avec des serpilières.

Tout peuple qui n’apprend rien des fautes d’autrui
Est voué au trépas, à l’éternel oubli.
Il est destiné à chuter dans la bassesse,
Les amarres rompues, le navire en détresse.

Il sera la cible de nombreux détracteurs,
Méprisé et haï par tous ses dénigreurs.
Il sera ravalé à la subjugation
Et réduit à néant par l’armée d’intrusion.

Les regrets ne seront dès lors d’aucun secours,
Au vaillant désarmé au milieu du parcours,
Impuissant dans l’échec d’affronter la misère
Et supporter le ban avec la mise aux fers.

Des intrigues seront nouées pour son malheur,
l’outrageant, lui disant: Va donc à la malheure!
Ils lui assènent des coups durs des plus fatals,
En dressant un bûcher près de son piédestal.

Les années se suivent, voient leur cours s’activer,
Comme au temps jadis où Joseph fut éprouvé.
Mais nous ne retenons pas les leçons du temps
Qui passe et au bien nous exhorte tant et tant.

Malheur à ce peuple qui, réduit aux souffrances,
S’expose aux affres de l’absence d’espérance
Et qui n’ose jamais se plaindre de son sort
De peur de s’accabler et se mettre à son tort.

C’est ainsi qu’agit l’homme envers son vis-à-vis.
Il l’asservit après lui avoir tout ravi,
Il rejette à la fois sanctions et jugements,
Au mépris des lois et de tous les règlements

Si le peuple n’a pas d’honnêtes mandataires,
Il sera la risée de tous ses adversaires,
Une proie facile pour tyrans ambitieux,
Qui vont lui prodiguer des conseils pernicieux,

Se servent du pouvoir pour bien le mépriser
Lui déniant l’accès à toute vie aisée.
En voyant qu’il met du zèle dans ses critiques,
Ils vont l’accuser de troubler l’ordre public.

S’il persiste ainsi à faire valoir ses droits,
Il sera poursuivi au mépris de la loi.
On le taxera de fausser la vérité,
Le mettra aux arrêts contre sa volonté.

On dira qu’il agit avec indiscrétion,
Qu’il prend part aux troubles prônés par les factions,
Ignorant toutes les règles de bienséance,
Faisant de la polémique en toutes circonstances.

Son secret circule, bien visible dans l’air,
Tel le verre qui tout laisse voir à travers.
Son but est d’instaurer l’égalité des droits
Bien qu’il n’en ait jamais fait profession de foi.

Sans nous, il n’eût pas pu émerger du néant
Eût pu rester au fond de son gouffre béant.
Nous avons réussi à le civiliser,
Mais de nos intentions il n’a fait qu’abuser.

Il nous manque d’un geste de reconnaissance,
Sachant que c’est à nous qu’il doit ses connaissances.
Il s’est opposé à chacun de nos désirs,
N’en faisant qu’à sa tête et à son bon plaisir.

Il prétend être par nous sciemment lésé
Du droit de fructifier, d’user et d’abuser
Mais lorsqu’on a une plume alerte et sincère,
On défendra le droit contre tout arbitraire.

La nature jubile et ses jardins fleurissent
Grâce aux eaux claires qui de nos sources jaillissent.

“On peut tromper le peuple une partie du temps, on peut tromper une partie du peuple tout le temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps.”
— Abraham Lincoln.

Honni soit qui (1) enfreint les règles de conduite
Par des aveux francs ou des actes illicites.
Nous sommes-très contrits de tous nos faits et gestes
En n’écoutant pas les exhortations célestes.

Ou sommes-nous vraiment aveuglés par l’erreur
En négligeant la voie de l’éternel bonheur?
Ils ont édicté des textes prohibitifs
Pour nous mettre en marge des secteurs productifs