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Nous souhaitons une vraie administration,
Non un lieu de commerce et de spéculation,
Où des administrés l’argent leur est ravi
Par abus de pouvoir et force effronterie.

Aucun n’est épargné, même le misérable,
Pour qui l’odeur du gril est la seule abordable.
Ils ont dressé autour de lui un vrai chef d’oeuvre
De siège pour lui faire avaler des couleuvres.

Sourde est leur oreille à tous les gémissements
De l’administré qui se plaint amèrement.
Ne voilà-t-il pas une agression exécrable
Dictée par l’infâmie la plus inqualifiable?

Quand le peuple lutte pour conquérir ses droits,
Spoliés et confisqués au mépris de la loi,
Peut-on tenter de lui faire entendre raison
Et le calmer avec une offre de gascon?

J’ai quelque scrupule à prodiguer des conseils,
A ceux qui, repus, les rejettent par orgueil.
Rien ne sert d’y soigner l’élégance du style,
Avec des figures de rhétorique habiles.

Il est plutôt sain de bannir l’ingratitude,
Pour qu’ils ne persistent pas dans les turpitudes
Auxquelles aliénés ils sont par duperie,
Qui mène au vice les ratés et les aigris.

Parmi tous les conseils prenez qui font pleurer,
Non ceux que d’illusions bercent les simagrées,
Comme celà était affirmé dans le temps
Par de très grands penseurs connus pour leur talent.

Tel est donc mon conseil exempt de sortilèges,
Car tout leurre est pour moi le pire des sacrilèges,
Acceptez-le malgré son ton acrimonieux,
Vous aurez la fraîcheur d’âme des gens heureux.

Quant à nos gouvernants, s’ils ne le prisent guère,
Ils jetteront le voile et passent au travers,
L’induisent au silence en bien le muselant
Et dressent tout autour des sièges isolants.

Ils ferment l’oreille comme s’ils devaient craindre
Que l’univers allait s’écrouler et s’éteindre.
Ils lui ont de tout temps promis monts et merveilles,
Rompant avec une tradition des plus vieilles,

Pour détourner les yeux de l’art de s’enrichir,
Ce qui ne les met pas à l’abri des ouï-dire.
Audace, diront-ils, ou bien témérité,
Qui n’est en aucun cas simple à exécuter.

Consciente de ses torts est leur âme maudite,
Que seuls intéressent les profits illicites,
Sans craindre de subir un revers de fortune,
Qui nous emporte tous, sans différence aucune.

En déviant de leur courant on est tenu
Pour un quidam objet de rejet au rebut.
Sa présence les fait de dégoût chanceler
Et se boucher le nez aux odeurs exhalées.

Malheur à moi qui tiens à leur fréquentation,
Mon visage en est tout infecté d’abjection.
Je suis très franc dans les conseils que je prodigue,
Contre leurs appétits je dresserai des digues.

Quand on est bien conscient des soucis qui m’animent,
Devant tant de méfaits, finie est la rapine.