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Quand la barbe pousse sur le bas du visage,
On ne peut que penser aux ânes d’attelage. (1)
Celui dont la barbe est assez longue se dit:
Mon objectif est qu’on me taxe d’érudit.

Il laisse croire à la foule de ses fidèles
Qu’il a la science infuse et qu’il est plein de zèle.
Sa conduite est calquée sur le singe enjoué
Quand il se donne l’air d’un savant surdoué.

La science crie haut et fort son innocence
D’avoir un tant soit peu nourri ses connaissances,
Lui qui prétend ainsi pouvoir nager au large,
Bravant les vagues qui se brisent sur les barges.

Honni soit qui à la vérité porte outrage
Et devient la risée de tout son entourage,
Qui d”anathème le couvre et de discrédit,
Reniant ses écarts de conduite maudits,

Il n’est que le reflet de la réalité,
Dévoyé, vaniteux, indigne et rejeté,
Un ignorant qui parle avec outrequidance,
D’un sujet, exhibant sa grande suffisance,

Passe pour un vantard , imbu de son savoir
Qui, aux yeux du commun, cherche à se faire valoir.
Certains portent la barbe à l’instar du messie,
Imitant les moujiks de l’ancienne Russie.

Mais quand on les sermonne usant de fermeté,
Ils se dérobent dans un air de lâcheté,
Comme l’autruche qui cache la tête au sol
Pour éviter d’être vue par l’aigle en plein vol;

Exposant au grand jour son tractus génital
Aux assauts des vautours, au charognard chacal.
N’étant pas faite pour ce genre d’exercice,
Elle court à sa perte au gré de son caprice.

(1) Servant d’introduction au poème, ce vers est emprunté à Ibn Arroumi, poète irakien du IX ème siècle de l’ère chrétienne.

Le port de la barbe, dénoncé ici non pas en tant que tel mais en raison de l’abus qui en était fait par les charlatans et autres adeptes de certaines sectes et confréries religieuses, a connu au cours de ces dernières années un regain d’actualité comme le montre l’ouvrage paru le 7 décembre 2006 aux Editions “La découverte” sous le titre : “Quand le Maroc sera islamiste”. Cet ouvrage qui reprend les conclusions d’une enquête circonstanciée que “Bakchich.info” a publiée dans son édition du 24 novembre 2006 sous le titre: “Les barbus à l’assaut du Makhzen”, définit son objet comme suit:

“Y est décrit par le menu la corruption qui gangrène le pays, la déliquescence de l’Etat, la paupérisation des populations avec, en corollaire, la montée en puissance des courants islamistes”. “Enquête qui risque de remettre au goût du jour le port de la barbe au Maroc.”

Je salue votre courage de (re?)publier un poème aussi pertinant! Considerant le climat de peur crée par les islamistes dans votre pays, rares sont les intellectuels marocains qui osent encore s’y opposer publiquement. Merci pour cette belle traduction.