Imprimer

Mon pays dénie tout intérêt à la science,
Admet n’y rien comprendre, en toute âme et conscience.
Il n’attache aux vertus du savoir aucun prix
Et en ignore la lettre autant que l’esprit.

Son unique souci est de bâtir un mur
Entre l’imaginaire et un réel obscur.
Partout les illettrés s’y érigent en maîtres
Et les lettrés flottent entre être et ne pas être.

C’est pourquoi l’ignorant commande et nous gouverne,
Pendant que les savants demeurent à la traîne.
Le bègue s’érige en éminent orateur
Et se montre indécent comme un vrai imposteur,

L’ignorant passe ainsi pour un chef éloquent,
Assourdit l’oreille, met son âme à l’encan.
Mais celui qui fournit constamment des efforts
Dans l’intérêt du peuple aura forcément tort.

Régression et progrès sont même fourberie;
Tout gain passe à leurs yeux pour de la duperie.
Notre lot se réduit à la honte et l’opprobre
De subir tant d’échecs, loin de toute vie sobre.

La nation place sur le même pied progrès
Et régression, perçoit le profit à regret,
Ne craint pas de subir mépris et déshonneur
En savourant l’échec d’une vie sans grandeur.

Mais les hommes libres ne lasse aucun effort
Pour aider la nation à prendre son essor,
Même étant la risée de tout leur entourage
Qui les accable à tout moment de ses outrages.

Dans le poème ci-dessus, intitulé “le martyre du savoir”, le poète reproche à la nation marocaine de ne rien comprendre aux vertus des arts et des lettres au point de n’y voir aucun intérêt.