Imprimer

Ami dont l’amitié remonte au bon vieux temps,
Coeur neuf et généreux, qui donne tant et tant,
Tu as toujours été l’ami sincère et pur,
Le compagnon digne d’une confiance sûre.

Aimable, affable et toujours amène et courtois,
De mon intimité tu défends tous les droits.
Tu brilles comme une source de lumière,
Quand le soir se fond dans le gris crépusculaire.

Je ne crains ni d’aller très loin du droit chemin,
Ni d’errer sans but vers des horizons lointains.
Je trouve en toi l’ami sur qui je peux compter
Parmi tous les miens et mes liens de parenté.

Tu es pour moi l’un des boucliers les plus sûrs,
Dans les moments d’une gravité pure et dure.
Tu agis ainsi que l’épée la plus tranchante
Qui guérit le mal de l’infection purulente.

Tu es pour moi une eau douce, fraîche et limpide,
D’une clarté qui la tient loin des eaux fétides.
Je te prends pour le plus compétent de nos guides,
Ferme et bien résolu, perspicace et lucide.

Tu es la malle qui abrite mes secrets,
Où je puise l’art et le savoir des lettrés.
Tes propos sont empreints d’accents de vérité,
Auxquels je me range par souci de clarté.

Tu es la clé porte bonheur, le talisman
Qui me préserve de l’oeil des maudits satans.
Tu es le collier que je porte autour du cou,
Qui en rehausse les aspects subtils et doux.

Tu es l’avocat que craint la partie adverse,
Qui voit ses arguments tomber à la renverse.
Tu es l’instrument des victoires remportées
Sur l’ennemi dont les assauts sont déroutés.

Du critique, tu es le sévère instrument,
Mais juste, grâce à ton profond discernement.
Qui exclut imposture et tissus de mensonges
Et bannit calomnies qui chaque jour s’allongent

Réduits au silence et saisis d’un grand chagrin,
Nous passons des nuits où l’angoisse nous étreint.
Que sont devenues les braises de nos passions?
Elles sont éteintes et noires comme un charbon.

Qui sait si nous pouvons un jour nous rencontrer
Et du désespoir nous éloigner de l’orée!
Nous allons écouter un tas de causeries
Sans qu’un intrus vienne nous dicter ses parti-pris,

Ni qu’un imposteur, un jaloux ou ennemi
Déforme nos propos, rend nos faces blémies.
Nous allons déplorer les caprices du temps,
Qui nous saisissent autant qu’en emporte le vent.

Ce poème a été envoyé de Londres au début de l’année 1928 à l’un des amis du poète à Salé, éminent homme de lettres et jurisconsulte M’hammed Naciri.