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Quand le printemps paraît, il fait un temps pluvieux;
Les fleurs sortent de leurs bourgeons à qui mieux mieux
Afin de l’accueillir dans toute leur splendeur,
Pour le plaisir des yeux, de l’esprit et du coeur.

Elles soulèvent le voile sur leurs calices,
Vouant les astres qu’il fait pâlir à l’éclipse.
Elles exhibent des rangées de perles pures
Que mettent les vierges autour de l’encolure.

La brise leur ayant prodigué ses caresses,
Elles ont entraîné monts et vaux dans l’ivresse.
Le temps bruineux remplit les coupes de rosée
Enivrant les fleurs à son arôme exposées.

Nuances de ton et féérie de couleurs
Se mêlent à un vif élixir des odeurs.
Le chant du rossignol haut perché sur sa branche
Fait vaciller arbres et plantes de pervenche.

Les petits cours d’eau sont devenus des ruisseaux,
Gonflant les rivières comme autant de verseaux.
Les rameaux vacillent dans un habit d’éclat,
Accueillis par les fleurs en tenue d’apparat.

Le crépuscule porte un beau feuillage d’or,
Où le jeu de clarté sur les couleurs ressort.
La muse d’Abou Zeyd est parue au grand jour, (1)
Après avoir rendu les esprits fous d’amour.

Les amants y trouvent un tas de facultés
Créatives et de sources de volupté.
Le verdict du printemps nous invite au plaisir.
Buvons tout notre saoûl pour ne pas nous ternir!

La coupe du serveur imite le mystère
De ses joues ombragées par les jolies paupières.
De lui elle a le don de la félicité
Qui a l’art de griser par sa suavité.

Du feu de l’amour elle enflamme la poitrine,
Comme un secret du coeur fredonné dans une hymne.
L’éponge du temps est passée sur les soucis
Dont elle a dispersé les nombreux ramassis,

Faisant éclater sur les visages riants
Une joie qui perce dans un air radiant.
Une belle chanson tendre et mélancolique
Est interprêtée sur un rythme mélodique,

Touchant les cordes fort sensibles de notre âme,
Pendant que les oiseaux entre les rameaux rament,
Que le joueur de luth, lui, règle ses accords
Et que l’amant se plaint de perdre son trésor.

Merci, printemps, pour ton agréable saison
Qui, sur la bonne humeur, vient d’inscrire ton nom.
L’espoir a attendu le jour de ta venue
Pour te faire part de ses rêves saugrenus.

Toi qui nous as de ta compagnie gratifiés,
De tes dons merveilleux charmés et mystifiés,
Tu parais comme un roi qui s’asseoit sur son trône,
Pour écouter des vers que le poète entonne.

Mon ami Mehdi Hajoui m’a adressé à son tour un poème portant l’intitulé ci-dessus.

(1) Abou Zeyd est le pseudonyme par lequel les amis hommes de lettres appellent le poète A. Hajji.