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Il se dégage du foyer de sa grandeur
Un parfum émettant une douce saveur
Qui s’exhale du haut d’une ascendance noble
Dont nul ne se prévaut dans le clan des ignobles.

Descendant de la noble lignée du prophète,
Il est avec les siens on ne peut plus honnête.
Il ne trafique pas de son sérieux crédit;
Au grand jamais il ne renie ses dédits.

Sa famille est issue d’une haute volée,
Citée dans le Coran, aimée et adulée,
Il tient à son passé par des racines sûres,
Qui ne s’effacent point avec le temps qui dure.

Il est le joyau de prestige de son groupe,
Se pare de bijoux et a le vent en poupe.
Pour sa gloire il bâtit une vraie place forte,
Qu’il fait tenir par un grand chef de son escorte.

Il a pris sur autrui plusieurs longueurs d’avance,
Ne laissant aux vantards qu’une maigre pitance.
Qui lui cherche querelle à des moments critiques
Subit un grand revers et est pris de panique.

Ne le compare pas à d’autres créatures;
Il est d’eux le plus chaste et de loin le plus pur.
Il déploie dans l’air de belles ailes d’oiseau,
Et voit dans chaque homme un misérable roseau.

Il fait front au danger, son courage à l’appui,
Et se bat en héros, en lutteur averti.
Malheur à qui entre un jour dans son territoire;
Il le chassera tel un lion de son terroir.

Qui peut le provoquer ainsi dans un duel,
Brave le lion dans son antre traditionnel,
Le mettant dans un très fort accès de fureur,
Griffes et crocs au vent, à en mourir de peur.

Il pourra certes s’en échapper par raccroc,
Non sans avoir subi de très graves accrocs.
Mais celui qui joue sans peur avec le feu
Finira par errer partout sans feu ni lieu.

On dit, pour vivre en paix et en sécurité,
Que la prudence est bien mère de sûreté.
Par acquit de conscience on ne peut pas l’absoudre.
Ses amis, eux-mêmes, sont prêts à en découdre.

J’adresse mon conseil aux jeunes audacieux
Qui, dépecés, seront dans un état piteux.
Je les invite à bien redoubler d’attention.
Il y va du maintien de leur réputation.

Comment échapper à la source de misère,
Quand on est révolté et qu’on est en colère?
Il montre, dans la paix, une grande sagesse.
Il est d’un esprit vif, capable de prouesses.

Il a des qualités on ne peut prodigieuses
Comparées aux plumes les plus impétueuses.
Il expose et écrit au fil de ses idées.
Ses performances sont à coup sûr validées.

Aucun rhétoricien ne saurait l’égaler,
Qu’il soit conférencier ou orateur zélé.
Il a distancé tous ceux prétendus poètes,
qui font de la prose pendant les jours de fête.

Poète de talent, oui, il l’est, à coup sûr;
Il est toujours gagnant, c’est un poète mûr.
Toute épreuve austère lui vaut la palme d’or,
Surpassant de loin ses amis les plus retors.

Il est comme l’épée à la poignée dorée.
Mais tranchante dans les combats exaspérés.
C’est un modèle de vertu qui se récite.
Le minbar répond de tous ses vaillants mérites.

Tu es l’alter ego, le compagnon de lutte,
Qui m’a réconforté de n’être pas la butte
Du malheur qu’un très beau poème a bien rendu,
Renfermant âme et coeur, tous les deux confondus.

Tu me souhaites la plus prompte guérison
Et une longue vie tirant sur le grison,
Pour me revoir tel que j’étais par le passé
Un maître dont les cours étaient des panacées

Au milieu de jeunes à l’esprit éveillé,
Aux cahiers de bonnes notes tout émaillés.
Si tu es mon soutien, j’aurai tous les honneurs;
Et serai placé haut au zénith des grandeurs.

A mon ami le poète éminent Abdelmalek El Belghiti,

Le poème que je vous adresse est, comme vous le voyez, composé dans la métrique et la rime du poème que vous m’avez présenté lors de la visite que vous m’avez rendue à l’hôpital Avicennes à Rabat, où je suis condamné à garder le lit et à endurer les souffrances les plus intolérables. J’ai beaucoup apprécié que vous ayez tenu à renouveler vos nobles sentiments à mon égard à l’occasion de la grave maladie qui m’a abattu, après avoir eu raison de ma santé et m’avoir littéralement rebuté de vivre.