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Faute de munitions et de soutien logistique du pouvoir central, Abdelkrim a dû déposer les armes en mai 1926, mettant ainsi fin à l’épopée rifaine qui l’avait mis aux prises avec deux grandes armées d’occupation pendant près de cinq ans.

Est-ce vrai la nouvelle annoncée par la presse?
Le monde en est troublé, le moral en détresse.
Les montagnes se sont d’émotion prosternées.
Les saintes vierges ont mis bas de nouveaux-nés.

Est-ce qu’Abdelkrim s’est, de sa vie au péril,
Laissé capturer pour aller droit en exil?
Comment, après avoir remué ciel et terre,
En brandissant l’épée, arme de ta colère,

Te laisses-tu fléchir, alors que l’ennemi
Qui craint ton courage, de panique frémit
Et que partout ton nom dans les salons circule
Où les volontaires foisonnent et pullulent?

Comment se peut-il donc qu’après tant de conquêtes,
Tu laisses l’ennemi savourer ta défaite?
Comment se peut-il donc qu’après tant de victoires
Tu te résignes à subir un tel déboire?

Nous savions l’étendue de tous tes pleins pouvoirs,
Que les vices étaient bannis dans ton terroir,
Que tu ne craignais aucune machination,
Et que tu déjouais toute conjuration,

Car tu savais ce que l’ennemt fomentait,
Lorsque l’aide attendue s’était vite arrêtée.
Tes succès étaient-ils tel l’orage fortuit
Qui, sitôt qu’il gronde, disparaît dans la nuit?

Les partis t’apportent leur soutien de plein gré;
Les tribus sont venues, délaissant champs et prés,
En troupes ordonnées te rendre les honneurs,
Barrant aux renégats la route des imposteurs.

Dans la tourmente, sous ta conduite éclairée,
On te prenait pour un tyran invétéré,
Mais tous préféraient le trépas au déshonneur.
Ou te comportais-tu comme un vrai dictateur?