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(I)

Laisse le beau discours et l’écrit châtié
Sois garant de notre prestige spolié.
Nettoie notre sol de ces cohortes infâmes
Qui nous vouent une haine tout feu tout flamme.

Dégaine ton épée pour chasser ces injustes;
Enduis-la du sang frais qui jaillit de leur buste.
A la tyrannie, au crime coupe les ailes
Qui leur font croire qu’elles les portent au ciel.

Les tyrans s’apprêtent à prendre leur envol
Pour planer à l’instar des aigles de haut vol.
Epier l’ennemi tout en restant placide,
Renforce son audace et le rend intrépide.

Esprit déterminé qui agit pour le bien,
Et qui combat le mal au fief de ces vauriens,
Montre à qui fait preuve de sa mauvaise foi
Le sens de l’idéal et de la bonne voie.

Ouvre les casernes; ordonne à tes soldats
De brandir les rameaux en bravant le trépas.
Enfants de la patrie, ce sont des lionceaux
Qui seront couronnés au retour de l’assaut.

Que de raids d’assaillants ils ont dû repousser
Dans le feu de l’action quand l’orgueil est blessé.
Demande à l’ennemi combien il a subi
De revers et en a éprouvé de phobie.

Ils l’ont roué de coups et l’ont bien foudroyé.
Toute sa grande armée en était rudoyée.
Que de fois elle s’est sentie humiliée,
Forcée dans les combats à tôt se replier.

Demande à la France, source bien informée,
Les pertes infligées à sa puissante armée,
Qui criait victoire par mégalomanie
Dans des combats fougueux de plusieurs décennies.

Parler sans agir n’est autre que s’inciter
A fermer les yeux sur bien des calamités.
La prudence encourage à la gloutonnerie
Et cache le droit par devers l’espièglerie.

A force d’élégance on commet des faux pas,
Et les plus astucieux y perdent leurs appâts.
La douceur n’a en fait aucune utilité
Pour qui veut conquérir l’immense voie lactée.

(II)

Rempart de protection contre la subversion,
Evite les discours émaillés d’allusions.
Refoule un ennemi haineux, goinfre et avide.
Le bâton seul met fin aux ambitions cupides.

Au travers de la gorge, avalant ses intrigues,
Il garde l’ambition qu’il convoite et qu’il brigue.
Sans tarder ramène-le sur la bonne voie
Pour qu’il sache ce qu’est la peur du désarroi.

Quant au dialogue dans l’amène courtoisie,
Il n’y voit guère plus que de l’hypocrisie.
Il prend oralement un engagement ferme
Qu’il rompt le lendemain sans en remplir les termes.

N’ayant aucun remords d’initier la rupture
Qu’il affuble de vrais mensonges purs et durs,
Il brave tout serment et n’en a guère cure.
Le respecter pour lui est une vraie gageure.

Derrière lui des doigts l’incitent à commettre
Des actes de folie qu’il affecte et perpètre.
Puis le voilà qui court à brides abattues
Comme un chameau qui suit l’un des sentiers battus

Menant au bord du Nil, soumis de son plein gré,
Persistant dans l’erreur, condamné à errer,
Les yeux à demi clos, que les branches touffues
Freinent dans sa course et lui obstruent la vue.

Ben Bella, Tu t’es jeté dans le précipice
De la mésentente, mère de tous les vices.
Nasser t’a séduit et sans doute subjugué,
Fardant la vérité, te mettant aux aguets.

La guerre était pour toi comme une comédie
Qu’on joue au théâtre tous les après midi.
Avant toi, des recrues se sont fait enrôler
Tels de Panurge les moutons ensorcelés.

Couards et tremblottants, ne connaissant l’armée
Que par le théâtre qui les a bien charmés,
C’est dans la fosse aux lions qu’ils tombèrent d’emblée
Face aux ongles crochus des fauves rassemblés.

(III)

La nation arabe, fière de son passé
Te doit un regain de son prestige blessé.
Que Nasser apprenne la ferme volonté
Qui nous pousse à défendre notre intégrité.

Il se montre hautain autant qu’outrecuident
Et mâche sa rage et sa haine à pleines dents.
Dans la paix, il agit en tyran criminel
Et participe à tous les conflits fraternels.

Il interdit à tout son peuple de se rendre
Aux lieux saints et punit qui vient à s’y méprendre.
Il remplit ses geôles de tous ses adversaires
Et prend l’homme libre pour un grand réfractaire.

Ceci est le reflet d’un absolu pouvoir
fondé sur les actions les plus ostentatoires.
S’il nous croit sensibles à sa publicité,
C’est qu’il a perdu le sens des réalités.

Il subit tous les coups que nous lui assénons
Et crie au désastre à ses fourbus compagnons.
Mais il fait publier par sa presse officielle
De fausses nouvelles déformant le réel.

Il a fait un essai en visant ce pays,
Mais les revers qu’il a subis l’ont assailli,
Chargé de discrédit, couvert de confusion;
Il a appris que nul n’échappe aux exactions.

Un peuple qui manque de répression sanglante
N’en fait qu’à sa tête, s’agite et se lamente.
Ils sont venus munis d’autant de faux passports
Pour semer des troubles et fomenter la mort,

Venus sur instructions de leur grand chef suprême,
Tyran des tyrans qui nous lance l’anathème,
Pensant nous gouverner et placer à ses ordres,
D’un geste de la main qui met fin au désordre.

Oh fou parmi les fous, débile et obstiné,
Dépourvu de raison, dans la boue entraîné.
“Tu n’es ni le pouvoir qui force le respect,
Ni le sage aux propos prudents et circonspects” (1)

(1) Ce vers qui reprend l’idée centrale de tout le texte et lui sert de conclusion a été tiré d’un poème arabe de la période post islamique.

Lorsque le Maroc et l’Algérie se sont trouvés confrontés au sujet de la détermination des frontières qui séparent les deux pays,ils ont opté pour la solution militaire pour résoudre ce conflit hérité de l’ère coloniale au lieu d’instaurer un dialoguebproductif n’ont pas eu recours à l’instauration d’un dialogue constructif qui aurait eu plus de chances d’aboutir à un tracé des frontières acceptable par les deux parties. susceptible d’aider à trouver une solution politique adéquate aux ambiguités héritées de l’ère coloniale française à propos du tracé de ces frontières.

Ce tracé n’a jamais été établi de manière précise, les Français n’ayant pas osé annexer la partie du territoire saharien relevant de la souveraineté du Maroc, à l’Algérie qu’ils considéraient à l’époque comme un Département français, faisant partie intégrante de la métropole.

Mais lorsque l’Algérie s’est soulevée pour revendiquer son droit à la liberté, et s’est engagée dans la lutte pour l’indépendance, et que le soutien du Maroc a été de loin le plus important et le plus efficace sur le plan à la fois moral, matériel et financier, pendant toute la durée du soulèvement algérien jusqu’à ce que nos voisins aient pu obtenir gain de cause et arracher de haute lutte leur droit à la liberté et à l’indépendance, le régime de terreur et le pouvoir de dictature se sont emparés de l’Egypte sous la houlette de celui qui s’en est rendu maître et qui commençait à avoir des visées de conquête sur le monde arabo-musulman.

Son but était d’y imposer ses conceptions du pouvoir et y étendre son influence à l’est comme à l’ouest, au motif d’en recoller les morceaux épars et de procéder à une unification d’ensemble sous la bannière de son autorité. Il s’est mis alors à provoquer des troubles entre pays voisins, à susciter les convoitises des uns au détriment des autres, pour que la situation s’établisse à son profit et qu’il obtienne les résultats escomptés de sa politique d’expansion.

Il a choisi l’Algérie comme terrain d’appui et tremplin pour avoir accès aux pays du Maghreb. Il a dépêché ses officiers à des fins d’espionnage, de mise au point d’études d’évaluation des potentialités des provinces sahariennes ainsi que de la logistique qu’il convient de mettre en place pour venir à bout de notre résistance à la violation de notre intégrité territoriale.

Mais, par malchance pour lui, comme il était malintentionné et avait un très mauvais caractère, la première mission qu’il a envoyée est tombée dans le piège qui lui a été tendu et a été prise en flagrant délit. Au cours de leur interrogatoire, les membres de cette mission ont tous reconnu le motif de la mission qui leur était assignée. C’est alors que Nasser s’est mis dans tous ses états et, frémissant de colère, il a réussi à monter les Algériens contre nous et à les soutenir avec sa presse et son ineptie publicitaire dans l’idée que le territoire algérien s’étendait sur toute la superficie du sahara occidental que le Maroc a récupérée après le départ définitif de l’occupant espagnol.

Les relations se sont ainsi envenimées. Beaucoup de nos voisins ne savaient plus de quel côté était la réalité. La presse orientale, d’Irak et de syrie en particulier, s’est rangée dans le camp de nos adversaires, diffusant n’importe quoi pour farder la vérité et publiant dans des articles tendancieux des tissus de mensonges destinés au bourrage de crâne. Il ne fait pas de doute qu’une telle campagne de dénigrement du Maroc a été orchestrée moyennant le versement d’une rémunération et l’octroi par les missions égyptiennes implantées dans le monde arabe d’un certain nombre d’avantages qui ont permis d’acheter la conscience professionnelle des auteurs des articles destinés à déformer la réalité pour jeter le discrédit sur notre pays et porter atteinte à sa réputation.

C’est dans ces pénibles circonstances que j’ai composé le poème ci-dessus que j’ai placé sous le titre : “Les relations algéro-marocaines à l’épreuve“.