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La nation doit être protégée de la ruine
Et mise à l'abri des partis qui la butinent.
Leurs manoeuvres lui ont valu d'être déchue.
Le boire et le manger, voilà où ils ont chu.

Ils se couvrent derrière un arsenal de lois
Etablies pour dessaisir les gens de leurs droits.
Leur pouvoir de séduction nous a enchantés;
Nous y avons trouvé une sainte volupté.

Ils nous ont induits en péché et impiété,
Forfaits pour lesquels toute peine est méritée.
Quand le bon Dieu veut infliger une punition
A un peuple, Il le couvre d'un voile d'humiliation.

Quand celui-ci entend persister dans l'erreur,
Il lui barre l'accès à l'échelle des valeurs.
Quand il veut le jeter au fond du précipice,
Les luttes partisanes seront son vrai supplice.

Elles lui feront boire le calice jusqu'à la lie;
Et, toute honte bue, il crève de dépit.
S'il n'est pas à l'abri d'un revers de fortune,
On le verra se plaindre de manière importune,

Et se mettre à courir dans une fuite en déroute,
Ne sachant où aller ni s'il fait fausse route.
Il se réfugie dans une vile médiocrité,
Victime du mépris, honteux et rébuté.

Il déserte la voie de la témérité
Pour errer dans les lieux arides et dévastés.
Lui et ses congénères sont toujours à l'affût,
Comme les mouches, des ordures que l'on jette au rebut.

Ils marchent à l'aveuglette et sont à la merci
D'une nuit noire où ne pointe aucune éclaircie.
Ils sont bouchés à l'émeri et ne saisissent
Guère le sens d'un discours exempt d'artifice.

Lorsqu'on leur tient le langage de la franchise,
Ils baragouinent, sans trouver de réplique précise.
Ils nous ont désunis avec maints subterfuges
Et promis l'adhésion à leurs clans comme transfuges.

Nous nous sommes éloignés des discussions sérieuses
Pour nous engager dans des diatribes haineuses.
Nous sommes tombés dans un climat d'hostilités
D'où se dégage une frénésie exaltée.

Quand allons-nous oeuvrer pour une vie harmonieuse,
Unifier nos rangs, purifier l'eau bourbeuse?
Les intrigues partout secrètent leur poison;
Les affinités n'y ont ni rime ni raison.

Si nous ne montons pas un vrai cheval de race,
Nous nous embarquerons dans un péril tenace.
Si nous nous abstenons de demander conseil
Les uns aux autres, mieux vaut bayer aux corneilles.

Et à chacun des chocs dont nous sommes les victimes,
Une pâleur moribonde éclate dans notre mine.
Nous aurons à subir de graves préjudices
Et serons appelés à faire des sacrifices.

En accomplissant une oeuvre de dévastation,
Nous jetterons le discrédit sur la nation
Qui devra affronter bien des calamités
Et s'exposer aux ravages qui lui sont imputés.

Je me vois porter un jugement téméraire
Sur une nation qui cherche une voie salutaire,
Sous les auspices d'un Roi qui nous a donné
Une bonne opinion de nos conduites bien nées,

Qui jouit du prestige d'un monarque éclairé,
Perpétuant une tradition de droit sacré,
Qui résoud les conflits qui naissent à l'amiable,
Avec doigté et savoir-faire des plus affables.

Il fait l'union malgré les animosités
Et nettoie les rancoeurs par son autorité.
Faites subir calmement un test à votre esprit,
A moins d'être égarés et devenus aigris,

Vous devez vivre en bonne entente entre vous,
Faute de quoi la plaie s'infecte, à votre grand courroux.
Celui qui compromet son état de santé
Paiera cher ce qu'il aura bien mérité.