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Du pluripartisme émane tout le mal.
Source de tant de duels aux issues fatales,

Il transforme en haine l'amitié la plus pure
Et expose à tous les actes de forfaiture.

Chacun dénie à tous les autres leurs droits,
Tel un ennemi qui les soumet à sa loi.

Si au moins l'intérêt général prévalait,
La critique serait, à bon droit, formulée,

Ne se distillerait pas comme un poison,
Autre casus belli défiant la raison,

Leurs idées se reflètent dans les lieux obscurs,
Où vociférations, haine, mépris perdurent.

L'esprit de clan ne doit sa légitimité
Qu'en défendant les droits de la communauté,

Le pacte social qui honore la justice,
Le don de soi mû par l'esprit de sacrifice.

Ce n'est qu'alors que tous les espoirs sont permis,
Que la vie en commun regroupe les amis.

Que les esprits soucieux n'ont plus à s'inquiéter
Verront autour d'eux le mihrab de sainteté,

Mettront en valeur les sacrifices requis
Pour la défense des biens chèrement acquis.

Si un jour ils se détournent du droit chemin,
Ils seront l'objet d'une discorde sans fin.

L'ennemi violera leurs lieux d'habitation,
Couvrant cette lie du peuple d'humiliation.

En traînant le pas dans les dernières rangées,
Ils baissent aux yeux de l'occupant étranger.

Quand sonne l'heure des grandes initiatives,
Ils redeviennent poussière et s'invectivent.

Ils s'accusent les uns les autres de rapines,
De malversations, de pillage et de ruine.

Tout ce que prétend l'un au détriment de l'autre,
Est de lui donner tort, faisant le bon apôtre.

Mais ils sont tous égaux s'agissant de mal faire.
Sont-ils au moins polis? C'est là tout le mystère!

Ces partis toujours en quête de partenaires
Se disent exempts de défauts et de travers.

Nul doute qu'ils se complaisent dans les subtilités
De langage, d'arguties, toutes les qualités.

Ils taxent l'autre clan de noires trahisons,
Lui jettent l'anathème, le couvrent de soupçons.

Leur but est de l'exclure de la source d'eau
Qui accroît le débit de leur ruisseau.

Ils ne sont d'aucun intérêt pour la nation.
Celle-ci y voit le comble de la déraison.

Je n'en veux pour preuve que l'orgueil qui monte
en fumée derrière un grand rideau de honte

Et le recours au rituel du sacrifice
Jetant autour d'eux mauvais sort et maléfice.

Ils mènent la guerre de plume à outrance,
Et s'en servent comme d'un puissant fer de lance.

Ils ont nui au pays qui les a engendrés,
Lui ont porté du tort sans qu'ils lui sachent gré,

Ont détruit ses remparts et tous ses parapets,
L'ont taillé en morceaux au fil de leur épée.

Ils y ont insufflé un air empoisonné
Et y ont mis le feu qui a tout calciné,

Réduisant à néant tout effort vers l'union,
Souillant le prestige de toute la nation.

Ils lui tournent le dos, étant dans le besoin,
Prétendant trouver mieux ailleurs en payant moins,

Le privant d'entente et d'aide mutuelle,
Et lui servant des coupes débordant de fiel.

Quel ignoble crime! Quelle ingratitude
Leur vaut de se vautrer dans cette turpitude!

Leur unique souci est de tirer profit
Des biens de ce monde où rien ne leur suffit.

Ils prétendent faire du bien autour d'eux
Pour que tous vivent mieux et se sentent heureux.