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La constitution s’est faufilée en rampant,
Imitant le parcours sinueux du serpent.
Elle prétend servir le droit et la justice
Mais les précipite au plus bas fond des abysses.

Le pouvoir s’y mire comme dans un miroir.
Il s’en sert pour agir selon son bon vouloir,
Entraînant tout un peuple à croupir sous ses pas,
Et prier pour que sonne le glas du trépas.

Pourquoi lutter pour “la liberté d’opinion”
Quand aucun n’en fait cas au sein de la nation,
Quand on n’a pas accès au monde des idées,
Jugeant hérétique de s’en accommoder,

Quand on ne peut mettre ses troupeaux à l’herbage
Les prés clos étant interdits au pâturage.
Le pouvoir voit dans la lie du peuple un rebut
Qu’il rejette lorsqu’elle a toute honte bue.

Le pouvoir souverain qui promulgue la loi
Se met fort peu en règle avec l’esprit du droit.
Mais, pouvons-nous quitter la voie qu’il a tracée
Jonchée de prés verts et de plantes herbacées?

Pourtant, il est l’ombre de Dieu qui nous protège
Et, de tous ses bienfaits, nous offre un florilège.
Comment donc bannir les droits et les privilèges
Dont nous sommes dotés comme d’un sortilège?

Nos gouvernants sont au-dessus de la mêlée,
Par ascendants et descendants entremêlés?
Leur conduite, croient-ils, agrée au Créateur
Qui, de bienfaits les couvre et veille à leur bonheur.

Vouloir les dépouiller de tous leurs avantages
Cette action sacrilège est accusée d’outrage
En sortant du chemin qu’ils ont ainsi prédit,
Ils seront objet de honte et de discrédit.

L’homme libre ne perd jamais sa dignité
Sinon dans un trou noir, il se voit culbuté.
Faut-il qu’il prenne tout ce qui émane d’eux
Pour un acte noble, voire un vrai don des cieux?

Ne prends jamais parti contre les gouvernants,
C’est le lot qui t’échoit d’un sort à l’avenant.
Oh peuple! calme-toi et garde ton sang froid.
Prie et prosterne-toi, s’il le faut, par deux fois.

Remets entre leurs mains le cours de ton destin.
Savoure leur mépris, admets leur air hautain.
L’excès de liberté, d’aucuns y voient un mal
Qui risque d’avoir des issues souvent fatales.

Mais, en l’assortissant de menues restrictions,
On agira dans l’intérêt de la nation.
Où chacun mènera une vie de bien-être.
Et des maux qui le hantent pourra se remettre.

En voulant prendre part à un débat d’idées,
Il sera couvert de honte et vilipendé,
Traîté d’homme pervers, propre à être blâmé,
L’accusant de fréquenter les lieux mal famés.

Mais, pour se justifier, il tient à invoquer
Un amas confus d’arguments alambiqués.
Or, s’il lui arrive de trahir sa conscience,
Il sera digne de toutes les bienveillances.

Le pouvoir rejette toute contradiction
Et ne cède devant aucune objurgation.
Il couvre le ciel clair d’épais nuages noirs
Et accepte les torts qu’il juge péremptoires.