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“Sans vigilance citoyenne, la Constitution – en Afrique comme ailleurs – peut-être instrumentalisée à des fins contraires au bien commun”.
— Stéphane Bolle.

Le droit se perd dans la nuit noire de la fraude.
Privés de lumière, vautrés dans la maraude,
Ses victimes ruinées hurlent toute la nuit
Pour que le rideau se baisse sur ce qui nuit.

Le droit est donc une proie de la controverse
Et recule devant la corruption perverse.
On cherche à imposer une constitution
Pour étouffer l’âme de toute une nation

Qui devra l’approuver, en louer les bienfaits,
Et éviter ce qui à son insu se fait.
Passent pour mécréants tous ceux qui s’y opposent
et qui en redresseurs justes de torts se posent.

Les gardiens du pouvoir s’arrogent tous les droits
Qu’ils auraient hérités d’une divine loi.
Ils ne peuvent ainsi agir sans restriction
Faisant fi de l’avis des grands de la nation.

Le peuple continue ainsi de trébucher,
Honteux et méprisé, pieds et poings attachés.
On veut le dépraver, on veut le pervertir;
Tel un âne de trait il se laisse abrutir.

Il sait qu’il vit sous un régime de conquête.
Il baisse la tête et donne l’air d’être en quête
De pitié, acceptant d’être ainsi humilié
Et faisant semblant de ne pas voir ses geôliers.

Ceux-ci prétendent qu’ils font tous des sacrifices,
Pour montrer qu’ils portent la marque du supplice
Qui permet d’appauvrir veuves et orphelins
Les laissant le ventre creux mais d’eau fraîche plein;

D’exiger le paiement d’impôts exorbitants
Pour importer boissons et produits excitants.
Leur faciès est couvert d’une barbe touffue
Rappelant la barbe de ces ânes bourrus.

Ils sont sans exception d’un esprit nonchalent,
Forcent les serrures des accès chancelants.
Pour se donner raison, la plupart répartissent
Qu’ils savent à quoi leurs opinions aboutissent.

Un groupe malfamé leur porte un coup fatal
En montrant ses griffes devant les plaies du mal,
Sans distinguer entre querelle et discussion
Ni se départir de ses fausses opinions.

Le pouvoir les prend pour de vrais auxiliaires
Leurs voeux lui serviront d’ultimes bréviaires.
Aucun parmi nous n’a la flamme qui surgit
Et crie haut et fort tel un lion qui rugit

Pour servir la nation à court de subsistance,
Qui se débat dans les affres de l’ignorance,
Et dénoncer ceux qui cherchent à assouvir
Leur soif de rapine, sans jamais coup férir.

Ils nous ont assourdis de fausses prétentions
Remplissant les journaux de vaines illusions.
Mensonge est leur appel de vraie publicité!
Tissu de tromperies et d’immoralité!

Ils ont réuni les plébéins de tous bords
Qui se sont soumis tels les prisonniers du fort,
N’ayant aucune idée pour ainsi justifier
L’adhésion aux notions qu’on leur a signifiées.

Qui disent tantôt “oui” tantôt “non” sans savoir
Qu’ils sont les jouets des candidats du pouvoir.
“Front de soutien” tel est le nom de leur mouvance
Créée ex nihilo pour sauver l’apparence,

Mais il ne faut de rien s’étonner, comme on dit,
C’est ainsi qu’agissent les loups les plus hardis,
Réduisant à dessein le peuple à l’impuissance,
Le gavant de discours défiant la décence.

Le peuple s’est soumis à ces ineptes hères
Qu’il ferait mieux de rejeter au fond des mers.
Ils sont venus munis de ruses diaboliques
Pour le guider tels des aveugles en panique.