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Laissons les opprimés crier tout leur dépit;
L’injustice ne leur ménage aucun répit.
Secoués de honte ils se sentent humiliés,
Flétris dans leur honneur, voient leur bail résilié.

Ils sont entre les mains de hordes de tyrans,
Qui plantent dans leur chair leurs crocs tâchés de sang
Et font des promesses pour ainsi alléger
Les douleurs de leurs plaies où le sang s’est figé.

Mais ils voient que le mal continue d’empirer,
Devient incurable, à ne plus respirer.
La vie a renchéri, les privant de sommeil.
Ils restent bouche bée, à jeûn, comme à la veille.

Aux injustices se joignent les exactions
Qui les font pleurer et gémir d’un mal profond.
Le médecin qui compte guérir son malade
Lui dit la vérité, bannit les propos fades.

Le patient exige un soin franc et transparent
Mené en douceur et doigté comme expédients.
Il s’est bien éreinté sous le poids des impôts,
Harcelé par le fisc, saigné par ses suppôts.

C’est, nous dit-on, le prix de notre liberté
Que nous devons payer et sans nous rétracter.
Le défaut de paiement entraîne la contrainte
La saisie de nos biens et le recours aux plaintes.

Personne, au grand jamais, ne peut y échapper
Sinon c’est la faillite et le moral sapé.
Ecoutez les plaintes répétées qui jaillissent
De ces voix étouffées au fond du précipice.

Si justice ne leur est pas sitôt rendue,
Malheur aux gouvernants! Ils auront tôt leur dû,
Lorsqu’en colère le peuple se met en marche
Groupant les damnés de la terre sur son arche.

Le peuple refuse qu’on lui offre ses droits;
Il les arrache quitte en marge de la loi.
Mais dès lors qu’il prend mal tout ce qui lui arrive,
Le dépit qu’il ressent ajoute à sa dérive.